50% DE LA POPULATION AMÉRICAINE : identifiable par la généalogie génétique

12 octobre 2018 : La technique retentissante de généalogie génétique qui a permis l’arrestation en avril du “Golden State Killer” quatre décennies après ses meurtres en série peut aujourd’hui conduire à l’identification de plus de la moitié de la population américaine, selon une étude publiée hier dans la revue Science.

Et dans quelques années, la totalité de la population blanche sera probablement identifiable génétiquement, prédisent les auteurs, qui notent que les Américains noirs utilisent moins les outils génétiques à ce jour.

“Nous sommes bien partis pour que quasiment tout le monde d’origine européenne ait un cousin du troisième ordre dans ces bases de données”, dit à l’AFP Yaniv Erlich, directeur scientifique du site MyHeritage, et auteur principal de l’étude. “Je prédis que cela arrivera dans un an ou deux”.

Un cousin au troisième degré a les mêmes arrière-arrière-grands parents que vous. Au second degré, vous partagez des arrière-grands-parents, etc. Plus vos ascendants sont proches, plus vos génomes se ressemblent.

Mais même au troisième degré, les génomes se ressemblent… beaucoup.

ENQUÊTE GÉNÉALOGIQUE

Lorsque la police retrouve une trace ADN qui ne correspond à aucune dans son fichier génétique, elle est dans l’impasse.

Les policiers californiens sont restés ainsi bloqués sur l’identité du Golden State Killer (12 meurtres), jusqu’à ce qu’elle ait eu l’idée de télécharger son ADN sur GEDmatch.com.

Ce site gratuit permet à chacun d’ajouter une fiche ADN, au format texte. En retour, il produit une liste de personnes ayant des génomes proches, classées du plus proche au plus lointain. Avec un nom et une adresse email.

Dans le cas du tueur, bingo: des cousins au troisième degré environ ont “matché”. Les enquêteurs ont reconstitué leurs arbres généalogiques, jusqu’aux années 1800… avant de redescendre patiemment vers leurs centaines de descendants. Par élimination par sexe, âge et domicile, ils sont tombés sur Joseph James DeAngelo, dont ils ont discrètement prélevé l’ADN sur une poignée de voiture et dans sa poubelle. Un ADN qui correspondait à celui retrouvé sur un meurtre de 1980. Il est désormais derrière les barreaux.

Depuis, les polices de tout le pays imitent la technique pour résoudre leurs “cold cases”. Treize personnes ont été arrêtées en cinq mois, selon la société Parabon, qui travaille sur 200 échantillons ADN mystérieux.

Sur ces 200, dit sa directrice bio-informatique Ellen Greytak à l’AFP, 60% ont donné un “match” dans GEDmatch. Ses analystes font alors un travail de fourmi pour analyser des données publiques (sites généalogiques, Facebook, LinkedIn, nécrologies…) afin de reconstituer l’arbre généalogique et identifier des suspects.

En plus des 13 affaires résolues, “nous en avons beaucoup d’autres où nous avons donné aux policiers un nom unique”, explique-t-elle.

VIDE JURIDIQUE

Pour l’étude de jeudi, les chercheurs ont considéré 1,28 million de personnes ayant analysé leur ADN sur MyHeritage, l’un des sites qui analysent le génome à partir d’un échantillon de salive, pour 79 à 99 dollars (où les Blancs sont majoritaires).

Ils se sont aperçus que 60% avaient un “match” avec un 3e cousin ou moins. L’enregistrement de 2% de la population suffit pour identifier la totalité, estiment-ils – une proportion bientôt atteinte, au rythme actuel.

Les sites de généalogie génétique, dont les leaders Ancestry (10 millions de fiches) et 23andMe (5 millions), ne permettent pas à quiconque de faire des recherches libres, comme sur GEDmatch (1,1 million).

Mais la police pourrait un jour leur envoyer des injonctions. Ancestry et 23andMe disent à l’AFP n’en avoir jamais reçu.

C’est cette menace future, et celle de détournement illégal des données génétiques, qui inquiètent les défenseurs de la vie privée.

“Il faut vraiment que les gens comprennent pleinement ce que deviennent leurs données quand ils les téléchargent sur ces sites”, dit à l’AFP Benjamin Berkman, chercheur en bioéthique aux National Institutes of Health.

Natalie Ram, professeure de droit à l’Université de Baltimore, espère que cette étude provoquera une prise de conscience face au vide juridique exploité par la police pour explorer GEDmatch.

Elle imagine les mêmes abus que lorsque la police accède à des emails ou relevés téléphoniques de gens innocents, et réclame la même protection constitutionnelle pour les données génétiques. “Cela se finira en justice”, prédit-elle.

Yaniv Erlich entend prendre les devants pour éviter que la généalogie génétique ne soit le prochain scandale de fuites de données personnelles, à la Facebook.

Il propose une sorte de signature cryptée pour empêcher toute utilisation non autorisée.

“Je ne veux pas qu’on se retrouve à dire: oh, on aurait dû faire quelque chose il y a cinq ans”, dit-il.

Rédaction BTLV (source AFP)

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