11 janvier 2021 – Alors que nous subissons une vague de froid en Europe, pour Jean Jouzel, membre de l’Académie des Sciences et ancien vice-président du GIEC, tout n’est pas perdu en matière de réchauffement même si, depuis les années 1990, les températures ont augmenté de plus de 60 % (le record du monde de température a été enregistré cet été, dans le désert des Mojaves en Californie.). Les accords de Paris de 2015 engageants les gouvernements à limiter l’évolution climatique à moins de +2°C et, si possible à moins de +1,5°C avant 2100, la période des 12 derniers mois (de décembre 2019 à novembre 2020) se situe au-dessus des températures de l’ère pré-industrielle : +1,28 °C (d’après le bilan climatique de Copernicus publié lundi 4 janvier 2021).

Le mois de novembre 2020 par rapport à la moyenne de novembre pour la période 1981-2010
Source des données : ERA5 © Copernicus Climate Change Service/ECMWF.
Puisqu’il semblerait que les accords de Paris seront peut-être tout juste respectés, l’objectif n’est plus de ralentir l’évolution des températures mais de s’adapter, au mieux, aux conséquences à venir. Par exemple, la mer pourrait s’élever d’environ 50 cm d’ici la fin du siècle avec 1,5°C d’augmentation et, avec 2°C de hausse, ce sont les coraux tropicaux qui seront affectés alors qu’ils participent à l’équilibre des écosystèmes marins et protègent certaines côtes de l’érosion. Puisqu’un quart devrait persister avec une augmentation de 1,5°C, mettre en place tout ce qui paraît nécessaire semble être une bonne idée pour ne pas approcher d’une hausse de 2°C, même si il faisait 2°C de plus sous l’empire romain.
QUE FAIRE, OU NE PAS FAIRE ?
Sur 54 milliards de tonnes de gaz à effet de serre équivalent au CO2 émis en 2019, 37 sont dus à l’utilisation des combustibles fossiles, et 6 à 7 milliards à la déforestation. Parti comme ça, en 2030, ces émissions pourraient atteindre de 65 à 70 milliards de tonnes et conduire à une augmentation comprise entre 4 et 5°C d’ici la fin du siècle. Si la situation est stabilisée à environ 55 milliards de tonnes de gaz à effet de serre par an jusqu’en 2030, l’augmentation sera de 3°C. Alors, pour ne pas arriver à cette augmentation qui ne nous permettrait pas de s’adapter pour vivre dans de bonnes conditions, il faudrait ne pas dépasser 1,5°C d’augmentation. L’objectif est donc de diminuer les émissions de 7 % tous les ans, et ce, jusqu’à 2030. Pour se faire, nous devons, entre autres, agir pour la sauvegarde des forêts, avoir une consommation de biens matériels décroissante, disposer d’une très bonne isolation pour la maison, manger moins de viande, ne prendre l’avion que très exceptionnellement et, dans l’hexagone par exemple, réduire le trafic routier de 25 % dès maintenant (certaines de ces recommandations sont présentées dans un article d’écoconso).
Thierry Penin (rédaction btlv.fr)