21 janvier 2021 – D’après 12 études parues dans la revue PNAS, les insectes pourraient être sauvés malgré toutes les menaces qui les font disparaître. Une estimation d’un milliard de milliards de spécimens met en évidence que la biomasse insectoïde dépasse amplement celle du règne animal. Cependant, en Allemagne par exemple, des recherches ont montré, en 2017, que la biomasse des insectes ailés s’était amoindri de 75% en 30 ans. D’après un article paru sur Géo en 2019, la totalité des insectes pourrait disparaître d’ici un siècle. Les prochaines années sont donc décisives pour la survie des insectes. Selon une analyse publiée sur PNAS, le déclin des insectes serait de 1 à 2% par an, ce qui paraît inquiétant. Le professeur David Wagner à d’ailleurs son point de vue sur le sujet : « vous perdez 10 à 20% des animaux en une seule décennie et c’est absolument terrifiant. Vous détruisez la tapisserie de la vie ». Ce chercheur de l’université du Connecticut (Nord-Est des Etats-Unis) et auteur de l’analyse, souligne que « la nature est en état de siège ». « Les insectes fournissent tant à l’humanité », nous rappel l’entemologiste Akito Kawahara, travaillant au Florida Museum of Natural History. En effet, les insectes sont essentiels pour les divers écosystèmes, il participent à la pollinisation, gèrent la matière organique en la décomposant, la recyclant et sont un maillon capital pour la chaîne alimentaire. Akito Kawahara explique que « rien qu’aux Etats-Unis, les insectes sauvages contribuent à hauteur de 70 milliards de dollars par an à l’économie à travers de services gratuits comme la pollinisation et l’élimination des déchets ». Ce qui est « incroyable » dit-il, c’est que « la plupart des gens ne le savent pas ».
TOUS LES INSECTES NE DISPARAISSNENT PAS
Pendant que certaines espèces d’insectes disparaissent, d’autres voient leurs populations prospérer : certaines espèces de papillons de nuit, en Grande-Bretagne par exemple, ou encore l’Agraulis vanillae qui est une espèce qui profite de la culture de ses plantes hôtes, les passifloracées.
Même si certaines espèces se portent bien, la situation globale reste tout de même inquiétante. Certaines études montrent que les menaces sont multiples, d’ailleurs, David Wagner parle de « mort par mille coupures” : changements d’utilisation des sols qui comprend la déforestation, agriculture intensive, pesticides, espèces introduites, et pollution dont les pollutions lumineuse.
Le changement qui inquiète le plus le professeur Wagner est celui de l’évolution climatique car une hausse « pourrait », d’après lui, avoir comme conséquence des extinctions ayant un rythme encore jamais vu. Il explique que « les insectes sont vraiment vulnérables à la sécheresse […] Des choses comme les libellules ou les demoiselles peuvent se déshydrater jusqu’à la mort en une heure si le taux d’humidité est très bas ».
DES SOLUTIONS POUR L’AVENIR ?
En revanche, la non-homogénéité de la situation et les causes de déclin ou de de prospérité sont une source d’espoir. Roel van Klink du German Centre for Integrative Biodiversity Research précise : « cela peut nous aider à comprendre ce que nous pouvons faire pour les aider ».
Pour Matthew Forister, écologue de la University of Nevada et co-auteur de l’analyse, « il est évident que les insectes ont la possibilité de rebondir » car une des études proposent 8 solutions pour que le public puisse agir en conséquence : créer des habitats favorables, moins passer la tondeuse, planter des espèces natives, réduire les pesticides et limiter l’éclairage extérieur. Akito Kawahara précise que « même une petite parcelle peut être très importante et fournir aux insectes un lieu où nicher et trouver des ressources ».
Le David Wagner souligne que « de nombreuses données existantes restent encore à analyser » et que d’après les précédentes études alarmantes, des pays ont commencé à agir. En 2019, l’Allemagne avait annoncé un plan d’action de plus de 100 millions d’euros afin de protéger les insectes. En 2020, le Costa Rica a présenté un plan de 80 millions d’euros qui permettrait de procéder à un inventaire et de séquencer l’ADN de “toutes les créatures multicellulaires du pays“, une grande partie étant des insectes. Entre le travail des scientifiques, l’engagement des pays sensibilisés et de nos actions personnelles, le règne insectoïde sera peut-être, de nouveau un allié pour l’humanité.
Thierry Penin (rédaction btlv.fr)