24 novembre 2020 – le lundi 14 septembre, des chercheurs gallois et américains avait annoncé avoir repéré de la phosphine (PH3) sur Vénus. C’est un composé gazeux que l’on sait synthétiser sur Terre et que l‘on retrouve dans les pesticides. Même si c’est un composé toxique, la production en continue de ce gaz peut être expliqué par une activité biologique. Vénus nous montre donc que Mars n’est peut-être pas l’unique planète du système solaire où l’on pourrait trouver des traces de vie, qu’elles soient présentes ou passées.
L’excentricité orbitale de la Terre se trouve entre celle de Vénus et de Mars, Vénus étant quant à elle, plus proche du soleil. Les Américains et les Européens sont engagés sur des missions visant à récolter des échantillons qui pourraient contenir des traces fossiles de micro-organismes de la planète rouge.
Même la fournaise de Vénus atteint plus de 450 °C près de sa surface et que de l’acide sulfurique si trouve en abondance, la vie pourrait être au rendez-vous sur le globe Vénusien. C’est d’ailleurs cet acide sulfurique qui compose l’atmosphère nuageuse de Vénus et qui l’a fait briller, d’où son nom bien connu : l’« étoile du berger ». Ces mêmes couches nuageuses ne permettent pas en revanche de rendre sa surface visible et, seulement des équipements pointus peuvent permettre d’appréhender sa surface.

la phosphine (PH3)
DE LA VIE DANS LES NUAGES DE VENUS
Ce sont dans les nuages de Vénus que la vie pourrait s’être développée, là où les températures et la pression sont proches des conditions de la Terre. Carl Sagan, le célèbre planétologue (animateur de la série télévisée Cosmos dans les années 80), avait écrit en 1967 dans un article publié par la revue Nature, que les vénusiens pourraient fournir une « niche habitable » à la vie. Depuis, des scientifiques ont pu théoriser des raisons et des conséquences d’un éventuel développement de la vie dans les nuages de Vénusiens. La phosphine serait une de ces conséquences et donc, une éventuelle preuve de la présence de micro-organismes naviguant dans les nuages de Vénus.
Pour mesurer la présence de phosphine, des sondages des micro-ondes émis par Vénus ont été réalisés. Les télescopes James Clerk Maxwell (basé à Hawaï) et l’Atacama Large Millimeter Array (désert chilien de l’Atacama) ont, à deux années d’intervalle, été pointés vers Vénus. La signature de la phosphine a alors été repérée. C’est ce type de sondage qui permet habituellement d’étudier la haute atmosphère de Vénus.

la phosphine (PH3)
LES FRANÇAIS NE SONT PAS D’ACCORD
L’étude aurait mis en évidence qu’il y aurait 20 molécules de phosphine par milliards de molécules d’air vénusien (composé essentiellement de CO2). Les 2 télescopes s’accordant sur le résultat, cela ne fait pas l’unanimité. Une récente publication d’une équipe française du Lesia (laboratoire d’Etudes Spatiales et d’Instrumentation en Astrophysique) remet en cause la présence de cette molécule. Pour soutenir leurs travaux, on peut rappeler que l’on détecte aussi de la phosphine dans l’atmosphère de Jupiter alors qu’on sait que la présence de cette molécule est le résultat des conditions physico-chimiques de la géante gazeuse. Les exobiologistes parlent alors d’une présence abiotique qui pourrait être une explication de la présence de phosphine sur Vénus.
LA NASA SE PRÉPARE POUR VENUS
Les scientifiques Hitchcok et Lovelock avaient, encore en 1967 en parlant de Mars : « Toute forme de vie qui interagit avec son atmosphère conduira cette atmosphère à un état de déséquilibre qui, s’il est reconnu, constituera également une preuve directe de la vie, à condition que l’ampleur du déséquilibre soit sensiblement plus importante que ce que les processus non biologiques permettraient. Il est démontré que l’existence de la vie sur Terre peut être déduite de la connaissance des composants majeurs et traces de l’atmosphère, même en l’absence de toute connaissance de la nature ou de l’étendue des formes de vie dominantes. La connaissance de la composition de l’atmosphère martienne peut également révéler la présence de la vie dans cette atmosphère. »
Alors qu’on ne connaît pas de moyen de préserver la phosphine dans des atmosphères de type terrestre, comme celles de Vénus, Mars ou d’une exoplanète, ce composé serait une preuve tangible de la présence de la vie. D’ailleurs, Jim Bridenstine (administrateur de la NASA) souhaite faire de Vénus une nouvelle priorité. La NASA semble n revanche, avoir des concurrents qui pourraient allez sur Vénus avant elle, la course est lancée.

Thierry Penin (rédaction btlv.fr)