(ESPACE) Lors de sa nouvelle mission à bord de l’ISS, Thomas Pesquet sera le gardien du Blob

22 mars 2021 — Un blob, curieux organisme ni animal, ni plante, ni champignon, sera mis en culture à bord de la Station spatiale internationale, sous l’oeil de l’astronaute Thomas Pesquet.

Composé d’une unique cellule, le “physarum polycephalum”, communément appelé blob, est une espèce vivante à part: sans bouche, ni cerveau, il mange, se déplace, et possède d’étonnantes capacités d’apprentissage.

Plusieurs spécimens seront accueillis à bord de la Station spatiale (ISS), où ils feront l’objet d’expériences scientifiques. Le but est de voir “si le blob se comporte différemment dans l’espace”, et d’étudier “les effets de la micropesanteur et des rayonnements sur son évolution”, détaille le CNES, l’agence spatiale française, dans un communiqué.

Dans le cadre de sa mission “Alpha”, l’astronaute français Thomas Pesquet, qui doit s’envoler pour l’ISS le 22 avril, “sera chargé de le réveiller et de photographier son évolution selon deux protocoles”: l’un testera l’attitude de deux blobs dans un environnement sans nourriture, l’autre fournira à deux autres blobs plusieurs sources de nourriture.

Le fameux blob sera étudié à bord de l’ISS

UNE EXPÉRIENCE ÉDUCATIVE POUR LES ÉCOLES ET LES LYCÉES

Le CNES et le CNRS invitent 2.000 écoles, collèges et lycées à s’associer à cette “expérience éducative” et à “comparer leurs résultats en classe à ceux obtenus” en orbite.

Dans les classes comme dans la Station, les blobs seront livrés à l’état de “sclérote”, c’est-à-dire déshydratés, avant d’être réhydratés pour mener les expériences.

Le blob est l’objet de recherche laboratoire d’études d’Audrey Dussutour, directrice de recherche CNRS au Centre de recherches sur la cognition animale à Toulouse.

« QUASIMENT IMMORTEL »

La créature peut atteindre jusqu’à 10 mètres en laboratoire, où l’on peut aussi la subdiviser en la découpant – il existe même des « moules » à blob – car les fragments cicatrisent.

Dans les chambres de culture du zoo de Vincennes, les jardiniers créent ainsi chaque jour de nouveaux spécimens, à partir du même échantillon.

Marlène Itan, « blobicultrice » depuis peu, vient tous les jours arroser et nourrir les « sclérotes » (sortes de « bébés) qui poussent dans son élevage. « Ça change d’habitude. On ne sait jamais à quoi s’attendre en arrivant ! » se réjouit-elle.

Car le blob ne cesse de surprendre. Il peut mourir de plusieurs façons, mais peut aussi entrer en dormance, en se desséchant. « Dans cet état, il est quasiment immortel… On peut même le mettre au micro-ondes quelques minutes ! », selon Audrey Dussutour.

Une fois ré-humidifié, il peut repartir, en redémarrant son cycle à zéro, ajoute la chercheuse, qui possède en laboratoire des spécimens âgés de plus de 70 ans.

Autre curiosité: grâce au courant circulant son réseau veineux, le blob bouge, à raison de 1 à 4 centimètres par heure. L’observer à travers une vitre n’étant pas très spectaculaire, le zoo a conçu une muséographie interactive pour le mettre en scène, notamment via des vidéos en accéléré.

Son système vasculaire complexe passionne les physiciens. Certains tentent même de s’en inspirer pour l’appliquer à des réseaux électriques.

Malgré son absence de système nerveux, il est capable de mémoriser. Le zoo retrace ainsi une expérience montrant un blob apprendre, petit à petit, à ignorer du sel (qui a priori le repousse) déposé sur la trajectoire le menant à sa pitance.

Avec ses 720 sexes différents, le blob a une reproduction sexuée semblable à celle du champignon. « Il était là avant, donc ce sont davantage les champignons et les animaux qui s’en sont inspirés que l’inverse », conclut Audrey Dussutour.

C’est elle qui a trouvé son surnom, en hommage au film « The blob » avec Steeve McQueen (1958), où une masse gluante extra-terrestre grossit à mesure qu’elle dévore tout sur son passage.

Le physarum polycephalum, lui, est inoffensif.

François Deymier (rédaction btlv.fr)

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