16 octobre 2020 – On l’associe aux heures sombres de notre histoire dont la lutte contre cette deuxième vague d’épidémie fera partie.
Le mot couvre-feu a changé de signification puisqu’il s’agissait au moyen-âge d’un ustensile dont on se servait pour couvrir le feu et le conserver, le terme prend rapidement un sens figuré : on parle alors de « sonner le couvre-feu ». Une cloche signalait le couvre-feu à la tombée de la nuit pour indiquer qu’il était temps de recouvrir les feux d’un couvercle de fonte pour éviter tout incendie. Cette tradition subsiste dans quelques rares villes en France, notamment à Strasbourg et Pont-Audemer dans l’Eure.
Depuis, le terme a donc dévié en interdiction faite à la population de circuler dans la rue durant une certaine période de temps qui est généralement le soir et tôt le matin. Elle est ordonnée par le gouvernement ou tout responsable d’un pays, d’une région ou d’une ville. Le couvre-feu peut se limiter aux mineurs comme parfois aux États-Unis ou en Grande-Bretagne
Son but est de permettre aux forces de l’ordre, civile ou militaire, de mieux assurer la sécurité de la zone sous couvre-feu, de limiter la libre circulation d’une certaine catégorie de personnes, comme les femmes ou les mineurs ou comme aujourd’hui de réduire les contacts humains pour endiguer la propagation d’un virus.
LES COUVRE-FEUX DANS L’HISTOIRE
La pratique se généralise en temps de guerre, aussi bien en France qu’en Angleterre, à partir du XIe siècle.
Cette mesure répressive aurait été imposée par Guillaume le Conquérant aux Anglo-Saxons en 1068, probablement dans le but d’empêcher une rébellion et les fréquents incendies.
Durant la Première Guerre mondiale, le couvre-feu est généralisé par la Wehrmacht dans les territoires occupés.
La Deuxième Guerre mondiale mettra en vigueur un couvre-feu dès le début de l’occupation de Paris en juin 1940 jusqu’à la libération, le 25 août 1944.
De même pendant la bataille d’Alger, il a ainsi permis à l’armée française de procéder aux arrestations de nuit des personnes soupçonnées de soutenir le FLN (Front de libération nationale).
Plus récemment, en France, cette action avait été appliquée durant les émeutes des banlieues en 2005 quand certains maires, par arrêtés, ont empêché les mineurs de sortir le soir.
En lien avec notre histoire, nos mémoires revivent aujourd’hui ce sentiment de peur qui s’associe aux craintes d’être contaminé. La distanciation sociale va sans doute nous permettre de nous interroger sur l’importance de l’échange relationnel et nous contraindre à oser mieux nous regarder… de loin.
Carine Privard (rédaction btlv.fr)