22 janvier 2021 — L’idée que la civilisation qui aurait bâti les gigantesques statues moaï de l’île de Pâques se serait effondrée sur elle-même, ne serait pas exacte. Ces gigantesques statues, faits de roche volcanique et atteignant jusqu’à 9 mètres de haut, ont été bâties entre le XIIIe et le XVe siècle. Jusqu’à maintenant, on pensait que les ancêtres des Rapa Nui,les premiers habitants de l’île de Pâques, avaient disparu à cause d’une succession de catastrophes écologiques, démographiques, culturelles. Mais une publication, parue dans Journal of Archaeological Science, estime que la fin de cette civilisation ne se serait pas passée autour de 1600 comme on a pu l’écrire dans les livres d’histoire.En 2018, l’archéologue Catrine Jarman écrivait que cette « société durable a été faussement accusée de sa propre disparition ». Selon elle, il faut « démystifier les Rapa Nui » : contrairement au récit popularisé autour d’un effondrement total, « plus de 60 ans de recherches archéologiques brossent en fait un tableau très différent ».
UNE MÉTHODE DIFFÉRENTE
Les chercheurs ont changé de méthode, ils ont appliqué un modèle d’analyse en incluant les datations radiocarbone de 11 sites excavés et les différents types d’architectures. Ainsi ils ont pu conclure que cette civilisation a continué à exister bien après 1600. Elle a même réussi à maintenir sa culture quelque temps après la colonisation européenne de 1722. Dans le magazine spécialisé Sapiens, le co-auteur de l’étude Robert DiNapoli regrette que « ce degré de résilience ait été négligé en raison du récit d’effondrement, et il mérite une reconnaissance ». Le rôle de la colonisation européenne dans l’extinction des Rapa Nui serait également à revoir : la chronologie pourrait être plutôt similaire à ce qu’il s’est passé pour d’autres peuples indigènes. On voit bien que ce débat n’est pas terminé, et que la chronologie de ces événements survenus sur l’île de Pâques n’est pas complètement résolue. Ce qui est sûr, c’est la thèse de l’effondrement total fait de moins en moins l’unanimité chez les chercheurs.
François Deymier (rédaction btlv.fr)