12 janvier 2021 – Disparitions récurrentes et souvent inexpliquées, de bateaux ou même d’avions. Le Triangle des Bermudes intrigue, et continue de fasciner tous les passionnés de mystères, qui ont l’embarras du choix lorsque qu’il s’agit de trouver une explication à tous ces évènements hors du commun : portails vers une autre dimension, pyramides sous-marines, extraterrestres… Mais c’est une théorie un peu plus « scientifique » que les autres qui refait surface ce janvier, avec la perte d’un bateau entre les Bahamas et la Floride.
Celle des émanations de méthane relâchées par l’océan Atlantique…
UNE THÉORIE JUGÉE « PEU PROBABLE »
Pour Stéphanie Dupré, chercheure géophysicienne à l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer (IFREMER), « il est vrai que nos océans relâchent du méthane et que la présence de bulles de gaz peut modifier la flottabilité d’un bateau ».
Mais selon elle, pour attirer un bateau vers les fonds, il faudrait « qu’une quantité très importante de gaz remonte à la surface » . Or un tel évènement aurait finalement peu de chances de se réaliser.
« Par grands fonds, les bulles de méthane se dissipent avant d’atteindre la surface par dissolution ou oxydation », ajoute Stéphanie Dupré.
LE MÉTHANE SERAIT DÉJÀ À L’ORIGINE D’ACCIDENTS
Le gaz peut tout de même atteindre la surface, lorsque qu’il y a moins de 200 mètres d’eau « Mais la taille des bulles reste extrêmement petite (millimétrique ou inframillimétrique). Leur capacité à impacter la flottabilité d’un navire par grande profondeur d’eau reste donc à démontrer. », reprend Nabil Sultan, chercheur en géotechnique à l’unité de Géosciences Marines de l’IFREMER.
Et pourtant, cette émanation de méthane, si infime soit-elle à la surface, a déjà provoqué des accidents…
Les victimes n’étaient alors pas des bateaux de transport… Mais des plateformes pétrolières « off-shore » (hors-sol), ou des bateaux de forage.
Ce qui s’explique par le fait que la majorité de ces incidents proviennent d’incendies, et non de l’effet déstabilisant des bulles de méthane. Le gaz remonte à la surface et brûle à la suite d’une simple étincelle. « Le dernier gros accident de ce type date de 2010 : c’est BP dans le golfe du Mexique, avec sa plateforme pétrolière Deepwater Horizon », explique Nabil Sultan.
Comme l’indique l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) sur son site internet, « tous les accidents dans le Triangle des Bermudes s’expliquent sans doute davantage par des défaillances humaines et des mauvaises conditions météo. »
La NOAA précise que le Triangle des Bermudes ne possède pas un taux d’accident plus élevé qu’ailleurs.
Mais qu’importe pour les rêveurs, qui préfèrent voir dans cette vaste étendue d’eau, un gouffre rempli de mystères et de légendes.
Samuel Agutter (rédaction BTLV)