16 février 2018 : Les archéologues ont du mal à comprendre leur découverte. Des crânes humains de 8 000 ans viennent d’être découverts plantés sur des pieux, en Suède.
Ce qui les rend perplexes. Si les chercheurs ont du mal à différencier les crânes féminins et masculins, ils sont au nombre de 11 et ont été retrouvés dans ce qui s’apparente à un ancien site funéraire. Des os, des crânes et le squelette complet d’un bébé, certainement mort à sa naissance. Si l’identification des sexes est difficile, les chercheurs sont certains d’être en présence d’au moins trois femmes et de six ou sept hommes qui, tous, montrent des traumatismes qui prouvent des morts violentes dues à des objets contondants.
MORT VIOLENTE
Les deux femmes ont été frappées plusieurs fois à l’arrière de la tête, tandis que les hommes l’ont été une fois au sommet du crâne. Ces signes laissent présager une confrontation entre humains. Mais plus surprenant, ce traumatisme ne les a pas tués, ou du moins pas immédiatement parce que tous les crânes ont montré des signes de guérison.
Crédit photo : Sara Gummesson
UN RITUEL BIEN PRÉCIS
D’après les recherches des scientifiques, on apprend qu’à la période de l’âge de pierre, les tombes durent être placées au fond d’un petit lac et les crânes plongés dans l’eau.
Si un seul des crânes est encore doté d’une mâchoire, les archéologues ont également découvert les mâchoires de différents animaux et d’autres os, dont des pattes arrière « tous du côté droit du corps », comme le souligne l’archéologue à la Fondation du patrimoine culturel de Västerås en Suède, Fredrik Hallgren, qui ajoute : « Nous avons ici l’exemple d’un rituel très complexe, très structuré ». « Même si nous ne pouvons pas déchiffrer le sens de ce rituel, nous pouvons encore apprécier la complexité de celui-ci, de ces chasseurs-cueilleurs préhistoriques ».
Un des crânes plantés sur un pieu. Crédit phot : Fredrik Hallgren
LA MORT ET SES MYSTÈRES
Si la mort a très vite amené des rituels et dans de nombreuses tribus et civilisations, ici les chercheurs ne comprennent toujours pas le positionnement de la sépulture. De très grosses pierres et des piquets en bois, déposés au fond d’un lac. Le tout formant une structure imposante dans laquelle on note la disposition des os qui furent déposés dans un ordre précis et bien particulier sur les grosses pierres.
UN LIEN FORT ENTRE L’HOMME ET LE GIBIER
En tant que chasseur-cueilleur, l’homme a toujours donné une place importante à son gibier. La preuve est la disposition des os d’ours bruns sur la partie sud, et enfin des gros gibiers, dont des sangliers, des cerfs et des chevreuils sur la partie sud-est. Comme le souligne Fredrik Hallgren : « C’est une structure très énigmatique. Nous ne comprenons vraiment pas la raison pour laquelle ils l’ont fait et pourquoi ils l’ont mis sous l’eau ». Pour le chercheur et son équipe, le placement des crânes n’est pas dû au hasard.
L’EAU A PERMIS LA CONSERVATION DES OS
Pauvre en oxygène, l’eau du lac a réussi à conserver la sépulture, tout comme le calcaire du substrat rocheux, spécifique à la région. Remplacé aujourd’hui par une forêt, le site funéraire fut caché pendant des milliers d’années comme on l’apprend dans l’étude parue dans la revue Antiquity.
Bob Bellanca (btlv.fr/source Antiquity)