7 avril 2021 — Les reconstructions, basées en grande partie sur l’intuition d’artistes se révèlent de plus en plus loin de la réalité, et déforment l’image que nous avons de nos ancêtres hominidés.
En effet, essayer de recréer l’apparence des hominidés vivant sur Terre est plus un art, qu’une réelle science, et on suppose de plus en plus que nos ancêtres avaient l’air bien différents de ce que nous imaginons.
De nouvelles normes pour la reconstruction des hominidés disparus peuvent produire des images plus précises. Prenons, par exemple, deux reconstructions de l’enfant de Taung. Le crâne de cet Australopithecus africanus vieux de 2,8 millions d’années a été découvert en Afrique du Sud en 1924. L’image à gauche a été créée par un artiste et ressemble à un singe. La deuxième version à droite, créée en collaboration avec le scientifique, semble plus humaine.

Australopithecus africanus— Enfant de Taung © Vinas, R.M. Campbell, M. Henneberg and R. Diogo
UNE FORME DE RACISME?
Lorsque les visiteurs des musées regardent des représentations de Néandertaliens ou d’hominidés disparus créés par des artistes, ils ne réalisent pas à quel point les dessins et les sculptures sont loin de la réalité, souligne le biologiste-anthropologue Rui Diogo de l’Université Howard à Washington, DC. Par exemple, les reconstructions de plusieurs hominidés disparus au Smithsonian National Museum of Natural History à Washington, DC, montrent une étrange tendance: à mesure que les espèces évoluent, leur peau devient de plus en plus claire. «Mais rien ne prouve que la peau était plus blanche», dit Diogo. Cette approche fait penser que les personnes à la peau claire sont plus développées.
Pour le co-auteur de l’étude Ryan Campbell, un scientifique anatomique à l’Université d’Adélaïde en les Néandertaliens sont souvent représentés avec des cheveux emmêlés et en désordre. «Un parti pris pour dépeindre nos ancêtres comme s’ils étaient stupides et non hygiéniques», dit-il.
Mais tous les animaux, sans exception, prennent soin d’eux-mêmes, et il n’y a aucune raison de croire que les Néandertaliens ou d’autres hominidés disparus ont fait autrement. Les reconstructions sans poil peuvent être plus précises, a déclaré Campbell. Les cheveux ne sont généralement pas préservés dans les fossiles, et les données d’ADN osseux ne peuvent renseigner que sur la couleur des cheveux, pas sur la façon dont ils ont été entretenus. «La reconstruction des cheveux est forcément inexacte », dit Campbell. « C’est de la fiction. »
Diogo et ses collègues ont créé des bases de données de référence que les scientifiques peuvent utiliser pour reconstruire des visages à partir de fossiles. «La plupart des reconstructions précédentes n’ont aucune base scientifique», souligne Diogo. «Notre objectif est de changer les méthodes et d’éradiquer les préjugés.»
François Deymier (rédaction btlv.fr)