(SANTÉ) Manger bio réduit-il les risques de cancer ?

12 mars 2021 — Il est impossible de prouver catégoriquement en laboratoire que tel aliment réduit le risque d’une maladie aussi complexe que le cancer.

Les chercheurs doivent donc suivre un grand nombre de personnes et attendre que des cancers se développent chez certains, en espérant isoler a posteriori un comportement spécifique aux malades.

Des milliers d’études sur l’alimentation et diverses maladies ont été conduites depuis des décennies. Même les plus grandes sont parfois contestées, comme cette célèbre expérience qui avait montré en 2013 les effets bénéfiques du régime méditerranéen contre les maladies du cœur, mais qui a été retirée d’une prestigieuse revue médicale, à cause de problèmes méthodologiques.

Concernant le bio, une seule étude d’ampleur avait auparavant regardé l’effet sur le cancer, la Million Women Study, avec 600 000 femmes britanniques (2014). Elle n’avait trouvé aucune différence entre les consommatrices de bio et les non-consommatrices sur le risque général de cancer, mais avait vu un risque réduit pour un cancer particulier : le lymphome non hodgkinien.

L’hypothèse est que les consommateurs de bio ingèrent moins de pesticides synthétiques par les fruits, légumes ou céréales, et réduisent ainsi leur risque, certains pesticides étant soupçonnés d’être cancérigènes.

LES MANGEURS BIO, PLUS RICHES, MOINS OBÈSES, MOINS FUMEURS

« Les gens qui mangent bio délibérément, au point de le déclarer, sont probablement différents des autres par bien d’autres aspects », explique Nigel Brockton, directeur de la recherche de l’Institut américain de recherche contre le cancer (AICR).

Il recommande, plutôt qu’un type d’aliment particulier, un ensemble de pratiques pour réduire les risques de cancer : poids normal, activité physique, régime sain, pas trop de viande rouge…

« Le régime alimentaire est une chose complexe », dit-il. « Nous ne ferions jamais de préconisation fondée sur une seule étude, même si elle est statistiquement significative ».

D’autres problèmes ont été relevés : les traces de pesticides chez les participants n’ont pas été mesurées, ce qui a suscité les critiques d’experts d’Harvard dans le même numéro de Jama.

L’aspect déclaratif pose aussi problème à John Ioannidis, professeur émérite de médecine à Stanford, connu pour avoir déclaré que la plupart des études publiées étaient fausses.

« La plupart des gens, dont moi-même, seraient bien incapables de dire précisément combien de nourriture bio ils mangent », dit-il. « L’étude a 3 % de chance d’avoir trouvé quelque chose d’important, et 97 % de propager des résultats absurdes et ridicules », conclut-il. Mais « la recherche avance une étude à la fois », souligne le docteur Brockton.

Comme pour la viande rouge ou la cigarette, il faudra de nombreuses études allant dans le même sens pour pouvoir conclure sur la nourriture bio. En attendant, l’American Cancer Society continue de préconiser de manger des fruits et légumes, bio ou pas.

François Deymier (rédaction btlv.fr)

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