(SCIENCE) Pour la toute première fois, des scientifiques créent des embryons chimériques mi-humains, mi-singes

19 avril 2021 —  Dans la mythologie grecque, la chimère est une créature fantastique malfaisante dont le corps tenait généralement pour moitié du lion et pour l’autre moitié de la chèvre, et qui avait la queue d’un serpent. Aujourd’hui la chimère est en train de devenir une réalité, mais sous une autre forme en créant un organisme mi-homme, mi-singe.

Plusieurs scientifiques à travers le monde travaillent sur ce projet qui peut sembler fou ! Deux équipes, l’une française et l’autre sino-américaine, ont réussi à créer des embryons chimères (des organismes constitués de deux variétés de cellules ayant des origines génétiques différentes) singe-homme. Leurs expériences, a été publiées dans les revues scientifiques Stem Cell reports en janvier et Cell en avril, ont consisté à introduire des cellules souches humaines dans des embryons de singes cultivés en laboratoire pendant trois jours (pour l’équipe française) et dix-neuf jours (pour l’équipe sino-américaine).

Pour l’équipe sino-américaine « Notre objectif n’est pas de générer un nouvel organisme, ni aucun monstre. » Au contraire pour eux, il s’agit de trouver de nouvelles façons de cultiver des organes destinés à des greffes humaines.

RARETÉ DES ORGANES DISPONIBLES POUR LA TRANSPLANTATION

On le sait, il est toujours difficile de trouver des organes pour des transplantations, et cela développe de sordides trafics. C’est pourquoi les chercheurs travaillent depuis des années à essayer de créer de toutes pièces des organes compatibles pour le corps humain.

La recherche sur les cellules souches est depuis quelques années une solution qui semble possible, mais qui pose un certain nombre de problèmes éthiques.

Ce n’est pas la première fois que de tels travaux sont menés : des chimères mélangeant cellules humaines et cellules de porcs ou de lapins ont déjà été fabriquées depuis 2013. La nouveauté ici, c’est que « le singe est une espèce jugée très proche de l’homme », détaille Pierre Savatier, directeur de recherche à l’Inserm et coordinateur de l’équipe française.

Dans cette expérience, les scientifiques ont injecté 25 «cellules souches pluripotentes induites» d’humains dans 132 embryons de macaques âgés de six jours, qui sont bien plus génétiquement liés à nous les humains que les moutons et les porcs.

Les cellules humaines se sont développées à l’intérieur des 132 embryons après seulement 24 heures. Après dix jours, 103 embryons chimériques sont restés. Au jour 19ème jour, il ne restait que trois chimères vivantes – et elles ont ensuite été arrêtées.

ET L’ÉTHIQUE DANS TOUT ÇA?

Heureusement, bons nombres de chercheurs se posent des questions éthiques sur ce qu’ils sont en train de créer. Ils sont conscients qu’il existe un risque de créer une nouvelle zoonose (une infection se transmettant des animaux à l’homme), et aussi le risque de ressemblance humaine chez l’animal (« Un porc avec un membre ressemblant à un membre humain serait intolérable éthiquement », précise Pierre Savatier) et enfin le risque d’émergence d’une conscience, en cas de migration des cellules souches vers le cerveau de l’animal. « Cela arriverait dans le cas, où, par exemple, des neurones humains coloniseraient un cortex cérébral de porc. Ce qui est impossible, dans l’état actuel des choses », précise Pierre Savatier, qui pose d’ailleurs une ligne rouge supplémentaire : « veiller à ce qu’aucune cellule humaine ne devienne une cellule sexuelle reproductive dans l’embryon animal ».

Rédaction btlv.fr

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