SOCIÉTÉ : en Inde, malgré l’interdiction du gouvernement, les mariages d’enfants se perpétuent (btlv.fr/Source National Geographic)

Lundi 23 avril 2018 : Les mariages d’enfants sont de plus en plus rares en Inde, mais dans les régions pauvres du pays, de nombreuses filles sont encore mariées au plus jeune âge.

Du curcuma appliqué sur les mains et le visage, et du rouge vermillon tracé sur la raie des cheveux. Ces indices sont les premiers signes d’un mariage imminent en Inde. Souvent trop jeunes pour comprendre ce que le mariage signifie, les jeunes filles sont tout de même suffisamment âgées pour connaître la signification de ces épices appliquées sur leurs corps avant la cérémonie.

LE MARIAGE D’ENFANTS ILLÉGAL

Depuis 1929, le mariage d’enfants est devenu illégal en Inde. Les femmes doivent être âgées de 18 ans pour se marier, contre 21 ans pour les hommes. En 2006, la loi a été actualisée : les parents ou les époux plus âgés risquent jusqu’à deux ans de prison s’ils organisent ou autorisent ces mariages qui ne respectent pas la loi.

Si, au cours des dix dernières années, le nombre de mariages d’enfants a baissé, l’Inde est toujours le pays qui compte le plus de mariées mineures. Selon l’organisation Girls Not Brides, plus d’un quart des Indiennes sont mariées avant leur majorité.

La photographe Saumya Khandelwal a découvert ce qui décidait les parents à marier leurs filles. Contrairement à ce qu’elle pensait, ce n’est pas par tradition, mais souvent à cause de la pauvreté ou d’un manque d’éducation.

PAS SEULEMENT UNE QUESTION DE TRADITION

De nombreuses familles considèrent leurs filles comme un handicap. Saumya Khandelwal a rencontré à plusieurs reprises Muskaan, une jeune fille dont le nom a été changé pour des raisons de confidentialité, ainsi que ses deux sœurs. « Avoir trois filles signifie trois fois plus de dépenses et de dots à payer », a expliqué la photographe. Alors que certaines familles attendent que leur fille parte vivre avec leur mari pour les retirer de l’école, le père de Muskaan, mariée à 14 ans, a immédiatement mis fin à son éducation. Elle reste donc enfermée, à apprendre à cuisiner et à entretenir la maison.

Peu après le mariage, Saumya Khandelwal a rendu visite à Muskaan pour savoir comment elle se portait. « Ce qu’elle m’a dit était très triste », se souvient Saumya. « Elle m’a dit : “Qu’est-ce qu’il y a à dire ? Cela devait arriver”. Cela vous montre à quel point ces filles sont impuissantes. Elles ne savent même pas que les femmes peuvent avoir une carrière ».

Comme il n’y a pas de travail dans les petits villages, les jeunes hommes partent souvent pour trouver de meilleures opportunités dans le reste du pays. De nombreuses femmes se retrouvent ainsi abandonnées à elle-même après s’être mariées. Elles emménagent alors avec leurs beaux-parents et les jeunes mariés se parlent généralement par téléphone.

« Comment un enfant de 15 ans peut-il comprendre ce qu’est le mariage, ou une relation ou bien entretenir une maison ? », s’interroge Saumya Khandelwal. « Elles n’ont pas reçu d’éducation et cela se répercute sur leurs propres enfants. Elles n’ont déjà pas d’argent et elles sont trop jeunes pour avoir des enfants. C’est un cercle vicieux, comment parviendraient-elles à s’en sortir ? »

Après avoir passé plus de deux ans à photographier les très jeunes mariées de la ville de Shravasti, Saumya constate que les jeunes filles forcées de se marier se trouvent aux quatre coins du pays, même à New Delhi. La photographe prévoit désormais de photographier ces communautés pour montrer que, malgré l’illégalité et la baisse du nombre de mariages d’enfants, la pratique résiste.

Chloé Bellanca (btlv.fr/Source National Geographic)

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