4 mars 2025 – A l’automne prochain, la croisière du mystère et de l’inexpliqué organisée par btlv passera par Pompéi. Récemment, des archéologues ont mis à jour une série de fresques presque de taille réelle, ornant trois parois d’une salle de banquet dans la célèbre cité antique.
Pour les archéologues, c’est une belle découverte car les fresques murales, réalisées plus de 100 ans avant la catastrophe du Vésuve en 79 après J.-C., fournissent des données précieuses sur les cultes secrets de la Rome antique. Sur un fond de couleur rouge rubis, ces fresques illustrent des femmes dévouées à Dionysos, le dieu grec associé à la vigne et à l’extase, participant à des rites clandestins de dévotion.
Ces femmes, connues sous les noms de ménades ou de bacchantes, sont représentées portant des épées et des animaux tués sur leurs épaules. Elles dansent frénétiquement en compagnie de satyres musiciens, tandis que divers animaux et coquillages flottent autour d’elles. Au milieu de cette scène, en photo ci-dessous, une femme vêtue attend son initiation dans le culte. Bien que Pompéi soit célèbre pour ses fresques colorées, celle-ci est d’une rareté exceptionnelle.
Crédit photo : Parc archéologique de Pompéi
LE CULTE DE DIONYSOS À POMPEI
La seule autre fresque d’importance connue, représentant une scène de culte en l’honneur de Dionysos, a été trouvée en 1909 dans la Villa des Mystères, située en périphérie de Pompéi. Cette fresque, de grande taille, dénommée mégalographie, a été découverte dans la maison de Thiase, récemment explorée. Elle date du 1er siècle avant notre ère, bien avant l’éruption du Vésuve qui ensevelit Pompéi sous des cendres et des débris.
Lors de la présentation de ces fresques, le ministre de la Culture italien, Alessandro Giuli, a déclaré que cet événement serait reconnu dans un siècle comme un moment marquant de l’histoire. Il a souligné que, tout comme la Villa des Mystères, cette fresque offre une vue inédite sur les aspects moins connus de la vie dans la Méditerranée antique.
Ces fresques illustrent des festivités qui, même à l’époque romaine, étaient entourées de mystère. Ces cultes antiques laissaient peu d’indices dans les écrits anciens, comme l’a souligné Sophie Hay, une archéologue travaillant à Pompéi. Toutefois, ces fresques fournissent des aperçus inestimables sur le culte de Dionysos, également connu sous le nom de Bacchus chez les Romains. Ces célébrations étaient centrées sur le vin, mais il est suggéré que les participants pouvaient également consommer des substances comme l’opium pour induire des états de transe. Les représentations de femmes à la fois danseuses et chasseuses dans les fresques indiquent que la coexistence de la joie et de la mort était un thème central. La femme en tenue qui attend son initiation est décrite comme étant à la croisée de ces deux aspects, symbolisant les deux facettes de la féminité à cette époque.
Le directeur du parc archéologique, Gabriel Zuchtriegel, a expliqué que pour les anciens, les bacchantes et ménades incarnaient la nature sauvage et indomptée de la femme, celle qui se libère des contraintes masculines pour vivre librement. En revanche, ces femmes suivaient les normes de la société romaine. Gabriel Zuchtriegel a posé la question de savoir si l’on préférait être le chasseur ou la proie.
Crédit photo : Parc archéologique de Pompéi
Les images de chasse dans les fresques peuvent également symboliser la vie et la mort. Dans la maison de Thiase, une femme est représentée en train de manger de la viande crue. Dans la Villa des Mystères, une femme est montrée en train d’allaiter un chevreau. Gabriel Zuchtriegel a expliqué que ces scènes évoquent le cycle de la vie et de la mort, symbolisé par Dionysos, qui meurt et renaît. L’initiation au culte est également perçue comme une forme de renaissance. Ces rituels secrets, bien que menacés de disparition en 186 avant J.-C. par les autorités romaines, semblent avoir perduré, comme en témoigne la présence de fresques dans la maison de Thiase et la Villa des Mystères. Pour ne rien louper de l’actualité liée à l’archéologie, incrivez-vous à la newsletter btlv.
Bob Bellanca (rédaction btlv source Smithsonian magazine)
