14 avril 2021 – Les animaux sont-ils capables d’estimer les durées d’action précises ? D’après une étude parue dans la revue scientifique Nature Neuroscience, et menée par James Heys et Daniel Dombeck, du département de neurobiologie, à l’Université de Northwestern, aux États-Unis ; il semble que cela soit effectivement le cas.
ESTIMER LA DURÉE D’ACCOMPLISSEMENT D’UNE TÂCHE
Selon David Dombeck, professeur, à l’université de Northwestern et également co-auteur de l’étude parue dans Nature Neuroscience, “Les souris, les rats et les singes, peuvent tous estimer quelle durée est nécessaire pour accomplir une tâche, comme déterminer le délais avant de faire un mouvement demandé au préalable et recevoir ainsi, une récompense”.
Le chercheur explique toutefois, que “dans la plupart des études, le temps n’est pas le seul facteur qui change au cours des tâches. Par exemple, les animaux sont libres de se déplacer, ou non, pendant cette période, si bien qu’il est difficile de déterminer s’ils estiment réellement le temps qui passe ou compte simplement le nombre de mouvements effectués dans cette intervalle.”
Aux côtés de James Heys, Daniel Dombeck a donc tenté de lever cette incertitude.
Afin de rendre cela possible, les chercheurs ont ainsi entraîné des souris, afin qu’elles demeurent immobile, durant la durée du chronométrage de l’expérience, pour qu’aucun indice sensoriel ne vienne interférer et donc, fausser leur étude.
DÉROULÉ DE L’EXPÉRIENCE
Voici le plan ingénieux mis en place par James Heys et Daniel Dombeck, pour que leur expérience se déroule au mieux…
Des souris ont été placées sur un tapis roulant, pendant que la machine avançait, les rongeurs étaient immergés dans un environnement virtuel, représentant un couloir. Alors que le tapis est toujours en marche, soudain apparaît un porte. La mission des souris est alors de s’arrêter lorsque un signal sonore retentit, avant d’attendre un sur place un minimum de 6 secondes. Si ce court délai n’est pas respecté par les souris, et qu’elles recommencent à courir avant, elles ne pourront pas débloquer la porte et poursuivre leur chemin.
L’expérience du tapis recommence ainsi, jusqu’à ce que les rongeurs marquent un arrêt suffisamment long. La plupart des rongeurs y parviennent généralement au bout de 6 à 8 semaines d’entraînement intensif.
Une preuve, d’après les chercheurs, que les souris égrènent bien les secondes dans leur tête, tandis qu’elles sont immobiles, ne pouvant rattacher le temps qui passe à des mouvements précis à effectuer.
James Heys et Daniel Dombeck, ont découverts que pendant leur 6 secondes d’attente, les neurones des souris s’activaient dans le “cortex entorhinal médian”, une région spécifique du cerveau, la même qui est impliquée dans composantes spatiales des souvenirs chez les êtres-humains.
“Nous essayons désormais d’étendre ces résultats à d’autres espèces, et même à l’humain”, conclut Daniel Dombeck.
Samuel Agutter (rédaction btlv.fr)