17 décembre 2020 – D’après l’étude de 800 crânes troués sur une longue période les chirurgiens Inca semblaient plus habiles que les docteurs américains pendant la guerre de Sécession américaine. Selon une équipe de chercheurs de trois universités américaines, dirigée par David Kushner du département de médecine de l’Université de Miami, ces crânes trépanés montrent l’habileté des chirurgiens de l’Empire Inca. 800 crânes ont été percés durant une période comprise entre 400 ans avant J.-C. et la fin de l’Empire Inca. Dans la revue World Neurosurgery, les taux de survie ont été comparés avec ceux des opérations de la guerre civile américaine. Chez les Incas, un individu avait 4 chances sur 5 de survivre suite à l’ouverture de son crâne. Entre 1861 et 1865, seulement une chance sur deux.
Olivier Dutour est directeur d’études en anthropologie biologique à l’Ecole pratique des hautes études de Paris. Il explique : « Il ne faut pas occulter la brutalité de la guerre de Sécession. Les blessures crâniennes par balle étaient plus graves et plus complexes à opérer que les traumatismes crâniens où les maux de tête des Incas. Il y avait un contexte d’urgence expliquant que toutes les précautions, notamment d’asepsie, n’étaient pas forcément prises, expliquant le plus faible taux de survie des patients pendant la guerre de Sécession. Ceci dit, cela n’enlève rien à l’habileté incroyable des chirurgiens incas ». Les plus anciennes traces de trépanation remontent au mésolithique (plusieurs milliers d’années avant les Incas). Olivier Dutour précise : « ce qui est très difficile aujourd’hui, c’est de réussir à reconnaître parmi ces opérations lesquelles avaient une raison médicale et lesquelles relevaient d’un acte magique ou religieux ».
Suite à l’étude, 3 catégories ressortent après une trépanation inca :
-ceux qui sont morts pendant ou quelques jours après l’opération
-ceux qui ont survécu un peu plus longtemps (pas plus de 2 semaines)
-ceux qui ont vécu pendant plusieurs années
Un trou lisse et arrondi montre que le patient a survécu après l’acte chirurgical ; cassé net ou avec des traces d’outils, il est mort pendant ou après l’opération. © UNIVERSITÉ DE MIAMI
Concernant la première catégorie, le directeur d’études précise : « les praticiens incas devaient sûrement s’entraîner sur des individus déjà décédés et c’est impossible de dissocier ces pratiques anatomiques des morts per- ou post- opératoires immédiates. Ce qui, au demeurant, me fait penser que le taux de survie pourrait être encore légèrement sous-évalué pour la période Inca ». En tous les cas, le niveau en médecine, la connaissance du cerveau et des processus postopératoires anti-infectieux semblent avoir atteint un excellent niveau alors que les incas ne devaient même pas connaître l’existence des bactéries. Olivier Dutour souligne : « habituellement les orifices de trépanation sont recouverts par des plaques, mais pour les périodes anciennes on en a retrouvé aucune à côté des crânes ». Il pense qu’ils recousaient simplement l’orifice de trépanation.
Thierry Penin (rédaction btlv.fr)