En Allemagne les sangliers sont radioactifs

25 septembre 2023

25 septembre 2023 – L’Allemagne rencontre le même problème que la France, elle est occupée par des milliers de sangliers. N’en déplaise aux défenseurs de la cause animale, la chasse est un moyen de réguler l’espèce. En Bavière, une région de chasseurs, il est cependant compliqué de les chasser…car ils sont radioactifs.

Gras et charnus, certains sont plusieurs centaines de fois plus radioactifs que ce qui est considéré comme dangereux pour la consommation humaine. Cela peut paraître impensable et pourtant cette contamination est en partie le résultat de l’accident de Tchernobyl en 1986 , au cours duquel des retombées radioactives ont dérivé vers l’Europe. Heureusement la France aurait été épargnée. A l’époque, on nous avait dit que le nuage radioactif avait été bien gentil de s’arrêter à nos frontières.

Le 6 mai 1986, le nouveau ministre de l’agriculture de Jacques Chirac, François Guillaume, ira jusqu’à dire que « le territoire français, en raison de son éloignement, a été totalement épargné par les retombées de radionucléides consécutives à l’accident de la centrale de Tchernobyl ». Malgré tout, le doute s’est installé dans la tête des Français même si les autorités de santé n’ont imputé à Tchernobyl que 7 à 55 cas de cancer de la thyroïde que provoque les expositions au nucléaire.

ET LES ANIMAUX DANS TOUT ÇA

Après le départ de la populations humaine, les animaux ont continué à occuper la zone. Les spécialistes ont pu noter que durant des années après l’incident, toutes les bêtes de la forêt, y compris les cerfs, les lièvres et les faisans, étaient hautement radioactives. Ils ont aussi constaté qu’avec le temps, les niveaux de contamination ont diminué sauf chez les sangliers qui sont restés radioactifs.

Comme l’explique Georg Steinhauser, professeur de radioécologie physique à l’Université de technologie de Vienne « Le phénomène selon lequel les sangliers sont si radioactifs après une si longue période a été qualifié de paradoxe du sanglier »…« C’est tellement inhabituel. Aucune autre espèce n’est comme celle-ci ».

D’après les spécialistes, les sangliers bavarois ont absorbé du césium radioactif, un métal lourd, en mangeant des Elaphomyces, un type particulier de champignons souterrains dont ils se nourrissent, également connus sous le nom de truffes de cerf. Malheureusement pour ces gros cochons sauvages, les champignons absorbent très bien les métaux lourds du sol dans lequel ils poussent. Contrairement aux autres plantes, Ils accumulent du plomb, du cadmium, du mercure et, dans ce cas précis, deux isotopes radioactifs de métaux lourds, le césium 135 et le césium 137.

PAS QUE LA FAUTE À TCHERNOBYL

Durant de nombreuses années, les observateurs ont cru que le césium radioactif que transportent les sangliers dans leur corps provenait de l’accident de Tchernobyl. Mais une étude récente menée par Georg Steinhauser et ses collègues démontre que les essais de bombes nucléaires atmosphériques ou en surface, des années 1940 aux années 1960, avant que cette pratique toxique ne soit arrêtée en sont aussi responsables. Le sud de la Bavière étant une région plus exposée que d’autres régions européennes aux fortes pluies et à la neige, les précipitations concentrent les retombées nucléaires dans les sols.

« La rive sud de la Bavière, là où les Alpes deviennent très abruptes, connaît des taux de précipitations plus élevés », explique Georg Steinhauser, et c’est là que les isotopes radioactifs finissent par s’écouler et se déposer.

IMPROPRES À LA CONSOMMATION

C’est à la demande des chasseurs bavarois que les chercheurs ont examiné des échantillons de viande de sanglier. De 2019 à 2021, les chercheurs ont analysés des échantillons de sangliers à l’Université Leibniz de Hanovre, afin de détecter la présence de césium 135 et 137.

Le césium 137 est un produit qui se repend lors d’explosions d’armes nucléaires et même si on en trouve lors de la fission des réacteurs nucléaires, ces derniers n’en génèrent que très peu, toujours selon Georg Steinhauser. Les fuites de césium 135 et le césium 137 laissent une  « empreinte digitale », explique-t-il. Cela permet d’identifier l’origine de la contamination radioactive :

« Si le ratio est élevé, la majeure partie de la radioactivité provient des armes nucléaires. Si le ratio est faible, cela provient principalement d’un réacteur nucléaire ». Dans le cas des sangliers de Bavière, les tests montrent un rapport élevé entre césium 135 et césium 137, ce qui indique que la contamination provient d’essais de bombes nucléaires effectués il y a 60 à 80 ans. Selon le scientifique, il va falloir attendre des années avant de pouvoir à nouveau consommer du sanglier car la radioactivité de sa viande en Bavière dépassera probablement les limites de sécurité pendant encore de nombreuses décennies.

Autre problème rencontré, celui de régulation de l’espèce. N’étant plus consommables, les chasseurs ne les tirent plus ce qui engendre une prolifération. Si l’Allemagne et l’Autriche ont de nombreuses autres ressources alimentaires, Georg Steinhauser souligne que dans certains pays où la chasse contribue à se nourrir, comme par exemple en Biélorussie, les gens consomment probablement de la viande contaminée par du césium. Le chercheur ne prend aucune position sur l’énergie nucléaire, mais le déclare « Notre étude est une mise en garde ».

Bob Bellanca (rédaction btlv.fr Source Pubs)

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