19 février 2024 – Jeudi dernier, le lancement d’une sonde lunaire par une compagnie privée nous rappelle la difficulté d’atteindre la Lune et de s’y poser. Plus de 50 ans après le premier pas de Neil Armstrong sur le satellite de la Terre, il n’a jamais été aussi compliqué d’y retourner. Et c’est ici que commence les théories du complot autour de la conquête spatiale : Est-on vraiment allé sur la Lune ? Une question qui, au vu des multiples échecs pour s’y poser à nouveau, semble presque légitime. Pourquoi, avec toute la technologie qui a considérablement évolué depuis 1969, les américains rencontrent-t-ils autant de problèmes pour y retourner ? On ne peut pas empêcher les théoriciens du complot d’imaginer le canulard.
Une question qui sera peut-être fortuite si la sonde automatisée Odysseus (aussi appelée Nova-C), de la compagnie américaine Intuitive Machines, s’y pose le 22 février. Cette mission, si elle est un succès, sera le premier alunissage d’un engin américain depuis la dernière mission Apollo, en 1972. Elle marquera le premier alunissage d’un engin spatial privé et sera une première pour 2024 car depuis le début de l’année, une mission japonaise (SLIM) et une américaine (Peregrine) ont échoué dans leurs tentatives.
ELON MUSK N’EST JAMAIS TRÈS LOIN
S’il le répète à qui veut l’entendre, son rêve est d’aller sur Mars, il faut déjà arriver à aller sur la Lune et à s’y poser sans risque. Elon Musk fait tout pour, c’est d’ailleurs une fusée Falcon 9 de sa compagnie SpaceX qui a envoyé Odysseus dans les étoiles jeudi.
Les scientifiques du spatial actuel ont beau y mettre tous les moyens, force est de constater que pour le moment, les tentatives ont échoué. On se souvient qu’en 2019, c’est la sonde israélienne Beresheet (« Genèse ») qui s’est écrasée. En 2023, ce fut le tour de la sonde japonaise Hakuto-R de se crasher et en janvier dernier, la sonde américaine Peregrine s’est désintégrée dans l’atmosphère terrestre, en raison d’un problème de trajectoire.
LE SUCCÈS INDIEN
Côté agence gouvernementale, il faut saluer le succès des Indiens qui après l’échec en 2019 de leur sonde Chandrayaan-2 qui s’est également écrasée, ont réussi à poser Chandrayaan-3, près du pôle sud le 23 aout 2023.
POURQUOI AVONS-NOUS AUTANT DE MAL A REVENIR SUR LA LUNE ?
Tout d’abord, le contexte de la guerre froide de l’époque a permis à la NASA d’obtenir des crédits financiers considérables et presque illimités. Il fallait montrer au Russes, qui furent les premiers à réussir une sortie extravéhiculaire dans l’espace, que l’Oncle Sam était plus fort. Et donc plus enclin à protéger le peuple américain.
En 1972 à la fin des missions Apollo, le budget de la NASA a été considérablement réduit ce qui a limité sa capacité à mener des missions habitées de grande envergure. Ce choix gouvernemental fut conforté par le désintérêt grandissant du public pour la conquête spatiale. Il fallait un autre défi, et c’est ainsi que les gouvernements ont orienté les budgets et les ressources vers d’autres priorités, telle que la Station Spatiale Internationale (ISS) ou bien, des sondes et Rovers non habités explorant d’autres planètes comme Mars.
D’autre part, les ambitions actuelles sont de plus en plus grandes. La NASA souhaite établir des bases lunaires permanentes et développer des technologies durables pour l’exploration spatiale. Cela implique des défis techniques considérables, tels que la création de systèmes de vie et de travail autonomes dans un environnement hostile.

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Car il faut le rappeler, l’homme n’est pas fait pour vivre dans l’espace. Les risques pour la santé et la sécurité des astronautes sont mieux compris aujourd’hui, notamment en ce qui concerne l’exposition aux radiations spatiales et les effets de la microgravité sur le corps humain. Concevoir des missions qui minimisent ces risques ajoute une couche supplémentaire de complexité. Comme nous le soulignait l’astronaute Jean-François Clervoy sur btlv « A l’époque, les astronautes étaient assis sur une bombe ». De nos jours, il est impensable de les envoyer sur la Lune dans de telles conditions.
En ce sens, les technologies utilisées pendant l’ère Apollo sont désormais obsolètes. Les scientifiques doivent en développer de nouvelles pour supporter des missions lunaires modernes, ce qui nécessite du temps, des investissements et des tests approfondis.
COLLABORATION INTERNATIONALE INDISPENSABLE ET PRIVÉE
Les différentes agences gouvernementales l’ont bien compris, le spatial moderne implique une recherche plus collaborative et internationale. Cela implique aussi des défis en termes de coordination, de financement et de partage des technologies et des connaissances.
En faisant appel à des compagnies privées, le but avoué est d’en arriver à réaliser des missions moins coûteuses: un enjeu de taille si on veut espérer voir un jour des humains vivre sur la Lune. On remarquera tout de même, que toutes ces compagnies privées sont financées par des fonds publics: Peregrine avait à son bord, tout comme Odysseus, des chargements payés par la NASA, 108 millions$ US pour transporter cinq instruments scientifiques sur Peregrine, et 118 millions$ sur Odysseus. De son côté, SpaceX a obtenu un budget de 15 milliards de la part du gouvernement américains pour relever le défi.
Le 22 février prochain, le lieu d’alunissage prévu est le cratère Malapert, situé à environ 300 km du pôle sud. Espérons que la mission soit couronnée de succès, même si en lançant ce programme privé en 2018, il fallait s’attendre à un taux d’échec de 50%.
Bob Bellanca (rédaction btlv)