9 décembre 2024 – Les maisons hantées, ces lieux effrayants où les visiteurs sont confrontés à des créatures terrifiantes et à des situations de peur intense, auraient un effet surprenant sur notre santé. Une étude récente menée par des chercheurs de l’Université d’Aarhus, au Danemark, suggère que la peur éprouvée dans ces environnements pourrait stimuler le système immunitaire, un peu comme un plongeon dans l’eau froide.
L’expérience a impliqué 22 participants ayant des niveaux faibles de marqueurs inflammatoires dans leur sang. Pendant près d’une heure, ils ont exploré une maison hantée où ils ont croisé des clowns menaçants, des zombies en décomposition et des agresseurs armés de tronçonneuses, dans une ambiance digne d’un film d’horreur. Trois jours après cette immersion terrifiante, les chercheurs ont constaté que plus de 80 % des participants avaient vu leurs niveaux d’inflammation diminuer, et que pour presque la moitié d’entre eux, ces niveaux étaient complètement revenus à la normale.
Les résultats ont été encore plus intéressants lorsque 91 autres participants ont pris part à la même expérience, mais sans les niveaux d’inflammation initiaux. La maison hantée a provoqué un changement similaire dans leur système immunitaire. Ce phénomène correspond à la montée d’adrénaline et à l’augmentation des endorphines que l’on pourrait ressentir lors d’une activité excitante comme les montagnes russes, mais avec des effets potentiellement bénéfiques pour la santé physique.
L’étude, bien que ne disposant pas d’un groupe témoin rigoureusement contrôlé, offre des perspectives intéressantes. Selon les chercheurs, la peur ressentie dans ces situations récréatives pourrait avoir des effets salutaires sur le corps, en réduisant l’inflammation, un facteur impliqué dans de nombreuses maladies chroniques. Ces résultats s’ajoutent aux travaux précédents suggérant que le lien entre les états mentaux et l’inflammation pourrait être plus complexe qu’on ne le pensait.
Marie Louise Bønnelykke-Behrndtz, l’une des chercheuses responsables de l’étude, indique que si l’anxiété est généralement liée à une inflammation chronique de faible intensité, la peur, dans un cadre contrôlé et temporaire, pourrait au contraire contribuer à la résolution de cette inflammation. L’étude a révélé que des cellules immunitaires clés, comme les lymphocytes et les monocytes, ont diminué chez les participants après l’expérience. Cela suggère que l’exposition à une peur récréative pourrait rééquilibrer les niveaux de certaines cellules immunitaires.
Les chercheurs émettent également l’hypothèse que la peur pourrait activer le système adrénergique, la même réponse biologique que celle ressentie en cas de stress aigu ou d’exposition au froid. Ce système prépare le corps à une réaction de “combat ou fuite”, et pourrait, selon des études préalables sur des animaux, activer le système immunitaire pour mieux faire face aux infections ou blessures.
Bien que les mécanismes exacts restent à confirmer, cette recherche ouvre la voie à de futures études sur les effets de la peur sur notre santé. “Les recherches futures devraient explorer le rôle du système adrénergique et la persistance de ces effets”, conclut l’équipe danoise. Inscrivez-vous à notre newsletter pour être informé(e) de toute notre actualité.
Valentin Rican (rédaction btlv source revue Brain, Behavior, and Immunity)