4 janvier 2021 — C’est un labyrinthe végétal situé au pied du Mont Fuji qui fait beaucoup parler de lui depuis plusieurs années. Et pour cause, ce lieu attire les personnes désespérées avec environ une cinquantaine de morts par an. Le Japon est un pays avec un des taux de suicides les plus élevés au monde. Également appelée Jukai, qui signifie « mer d’arbres », la forêt s’étend sur 35 kilomètres carrés dans la préfecture de Yamanashi. Dès l’entrée, on peut lire sur des panneaux un numéro d’urgence disponible 24h/24 ainsi que certains messages, « La vie est précieuse », « Pense à tes parents qui t’ont donné la vie, à tes proches, avant de prendre une telle décision »…
UN LIEU MAUDIT TOURISTIQUE
La forêt d’Aokigahara comporte deux grottes qui sont accessibles aux visiteurs, afin de ne pas se perdre les autorités conseillent d’éviter de s’égarer des sentiers tracés au sol. Sa réputation de lieu maudit idéal pour mettre fin à ses jours est due à une ancienne histoire. A une époque cette forêt, fut utilisée pour la pratique de l’oyasute, qui est un acte d’abandon par une famille, d’un proche âgé ou d’un infirme dans la montagne ou un autre lieu reculé, pour qu’il ne puisse être jamais retrouvé.
Mais ce n’est qu’à partir des années 60 que sa réputation décline et Aokigahara devient un lieu sinistre lorsque l’écrivain Seicho Matsumoto la mentionne dans son livre « Nami no to ». Dans son ouvrage, il décrit cet endroit comme étant un lieu idéal au suicide puis Aokigahara est ensuite parue dans le « Manuel complet du suicide », un ouvrage de 1993 écrit par Wataru Tsurumi.
Depuis cette réputation morbide, de nombreuses personnes viennent mettre fin à leurs jours dans ce lieu. Les statistiques sont compliquées à faire puisque les corps ne sont pas toujours retrouvés dans cette grande forêt dense. Les japonais n’aiment pas s’y aventurer puisque qu’elle serait hantée par les fantômes des défunts ce qui rend Aokigahara encore plus mystérieuse.
UN PAYS TOURNÉ VERS LE SUICIDE
Même s’il a baissé depuis 2006, le taux de suicide est très élevé au pays des samouraïs (21 000 par an). Le directeur du Centre de prévention du suicide du Japon, Yutaka Motohashi explique que « Dans notre société, lorsque l’on connaît un échec, il est difficile de se « refaire », le manque de communication est un vrai problème social. Nous travaillons à recréer de l’écoute, pour détecter davantage les détresses, avant que les gens ne passent à l’acte. Les personnes qui se suicident le plus sont les hommes actifs qui n’en peuvent plus du stress, des contraintes, etc. Si un problème d’ordre financier s’ajoute, c’est le début de la fin… »
Effectivement, le nombre de suicide augmente pendant les mois de février-mars qui marque dans le pays la fin de l’année fiscale. Toujours selon Yutaka Motohashi « lorsque l’on ne peut pas rembourser, on prend sa propre vie, pour s’excuser. » Les japonais ont une perception de la vie et de la mort très différente des occidentaux, ils doivent parvenir à trouver d’autres solutions car « l’important c’est la vie ».
Morgane Nenert (rédaction btlv.fr)