9 mars 2022 – Il y a quelques jours, nous apprenions par le magazine Newsweek, que la Nasa envisageait l’hypothèse de la gestion de l’ISS, la Station Spatiale internationale, au cas où l’agence spatiale russe Roscosmos devait se retirer de la mission en raison du conflit actuel en Ukraine.
Si l’ISS semble, depuis plusieurs décennies, être un terrain géopolitique neutre, les choses pourraient toutefois bien changer. La guerre risque de provoquer des tensions. Symbole de paix et de collaboration post guerre froide, cette alliance devrait souffrir dans les semaines à venir.
UNE REMISE EN QUESTION RUSSE
En ce sens, il y a quelques jours à peine, le patron de l’agence spatiale russe Roscosmos, Dimitri Rogozine, a avancé une éventuelle remise en question de l’implication de la Russie au programme de l’ISS. Une déclaration qui fait suite aux sanctions imposées à la Russie par les États-Unis. De plus, l’arrêt d’achat de gaz et de pétrole aux Russes par les USA ne devrait pas arranger les choses. Le problème pour la Nasa est de se substituer à l’agence spatiale Roscosmos qui a en charge à bord de l’ISS, le guidage, le complexe orbital et accessoirement la navigation.
Certains experts voient dans cette analyse de la Nasa l’impossibilité d’en arriver là. Mais d’autres spécialistes comme Greg Autry, professeur de leadership spatial à la Thunderbird School of Global Management de l’Arizona State University, envisagent malgré tout cette possibilité si la guerre s’éternise. Interrogé par Newsweek, il a déclaré :
« Toute la relation spatiale américano-russe est clairement menacée par la spirale descendante actuelle ». D’autant que les Russes avaient déjà envisagé de quitter l’ISS en raison de sa vétusté qui menace la vie des hommes et femmes à bord. Un départ annoncé pour 2025 mais qui risque d’être précipité.
UN DÉPART À ENVISAGER SÉRIEUSEMENT ?
Jeff Hoffman, ancien astronaute de la NASA et professeur d’ingénierie aérospatiale au Massachusetts Institute of Technology (MIT), se demande quel serait l’interêt d’un tel départ pour les Russes ? On se souvient que l’année passée, Roscosmos a investi du temps et de l’argent dans son dernier module arrimé à l’ISS l’année dernière.
« Bien sûr, les Russes peuvent partir, mais cela aurait-il un sens ? Je ne sais pas », s’interroge-t-il. Pour la Nasa, il n’est pas prévu pour le moment une autre gestion de l’ISS qui annonce : « La NASA continue le travail à bord et autour de l’ISS avec tous ses partenaires internationaux, y compris Roscosmos » avant de rajouter : « Pour l’instant, aucun changement n’est prévu dans le soutien de l’agence aux opérations en cours en orbite et au sol ».
LA NASA EST-ELLE ARMÉE POUR LA GESTION DE L’ISS ?
Si Roscosmos annonce « continuer de remplir ses obligations internationales pour assurer le fonctionnement de l’ISS », une question est sur les lèvres de tous les experts de l’espace :
« En cas d’escalade du conflit, la Nasa pourrait-elle gérer seule l’ISS ? ».
En réponse à cette interrogation, les USA rappellent l’indépendance acquise grâce à SpaceX dans le cadre des missions humaines et de ravitaillement. Sur ce terrain, le départ des Russes n’affecterait pas le programme américain. Pour le guidage, le complexe orbital et la navigation, il semble que la Nasa soit prête à gérer seule ces phases.
Sur ce point, l’agence spatiale américaine a confié la société de technologie aérospatiale et de défense Northrop Grumman, le test d’un moyen de rebooster l’ISS en utilisant sa capsule Cygnus. Avec Elon Musk en embuscade, on peut imaginer que les américains sauront faire face au déficit de compétences affiché en cas de départ des Russes.
Reste à savoir, si en ces temps de conflit, Joe Biden est prêt à casser la tirelire pour assurer le bon fonctionnement de la station spatiale internationale. Cette fois, la guerre des étoiles a réellement commencé.
Bob Bellanca (rédaction btlv.fr Source Newsweek)