24 mars 2025 – La quête de la vie en dehors de la Terre est à son paroxysme et sa découverte serait l’événement le plus marquant de l’histoire. Deux groupes d’astronomes ont trouvé de l’oxygène dans la galaxie la plus éloignée connue, JADES-GS-z14-0, ce qui a suscité un grand intérêt dans la communauté scientifique.
Cette trouvaille, publiée dans deux recherches séparées, a été réalisée grâce à l’ALMA (Atacama Large Millimeter/submillimeter Array), un réseau de télescopes dont l’ESO (Observatoire Européen Austral) est un partenaire. Cette détection sans précédent pousse les chercheurs à revoir leurs idées sur la vitesse de formation des galaxies dans l’univers ancien. L’identification récente de l’oxygène par ALMA, situé dans le désert d’Atacama au Chili, indique que la galaxie est chimiquement plus avancée que ce qui était anticipé.
Sander Schouws, doctorant à l’Observatoire de Leyde aux Pays-Bas et principal auteur de l’étude néerlandaise publiée dans The Astrophysical Journal, a déclaré : « C’est comme découvrir un adolescent là où l’on ne s’attendait qu’à des nourrissons. » Il a ajouté : « Ces découvertes suggèrent que la galaxie s’est formée et a évolué très rapidement, renforçant l’idée que la formation des galaxies se produit bien plus vite que ce que l’on pensait. »
UN AUTRE REGARD SUR LA FORMATION DES GALAXIES
Traditionnellement, les galaxies commencent leur existence avec de jeunes étoiles, principalement composées d’hydrogène et d’hélium. Au fil du temps, ces étoiles créent des éléments plus lourds, comme l’oxygène, qui sont ensuite dispersés dans la galaxie.
Les scientifiques pensaient jusqu’ici que l’univers, âgé de seulement 300 millions d’années, était trop jeune pour posséder des galaxies riches en éléments lourds. Pourtant, les deux recherches menées avec ALMA révèlent que JADES-GS-z14-0 possède environ dix fois plus d’éléments lourds que prévu.
Stefano Carniani, de l’École normale supérieure de Pise en Italie et auteur principal d’un article publié dans Astronomy & Astrophysics, a exprimé sa surprise face à ces résultats inattendus. « Ils offrent une nouvelle perspective sur les débuts de l’évolution des galaxies. La découverte d’une galaxie déjà mature dans un univers si jeune soulève des interrogations sur le processus et le moment de la formation des galaxies. »
La découverte de l’oxygène a également permis aux astronomes d’améliorer considérablement la précision de leurs mesures de distance de la galaxie JADES-GS-z14-0. Eleonora Parlanti, doctorante à l’École normale supérieure de Pise et co-auteur de l’étude, a souligné l’importance de cette détection : « Grâce à ALMA, nous avons pu obtenir une mesure extrêmement précise de la distance de la galaxie, avec une marge d’erreur de seulement 0,005 %. Pour donner une idée de l’importance de cette précision, c’est comme si on avait une erreur de 5 cm sur une distance d’un kilomètre. Cela nous permet d’améliorer notre compréhension des caractéristiques des galaxies lointaines. »
Rychard Bouwens, professeur associé et membre de l’équipe de l’observatoire de Leyde, a ajouté : « Bien que la galaxie ait été découverte à l’origine avec le télescope spatial James Webb, c’est grâce à ALMA que nous avons pu confirmer et mesurer avec précision sa grande distance. » Il a également souligné la collaboration exceptionnelle entre ALMA et le télescope James Webb pour mieux comprendre la formation et l’évolution des premières galaxies.
Gergö Popping, astronome de l’ESO au Centre régional européen ALMA, a exprimé, lui aussi, sa surprise face à la détection d’oxygène dans JADES-GS-z14-0. Selon lui, cela indique que les galaxies pourraient se former plus rapidement après le Big Bang que ce qui était précédemment pensé.
Il a conclu en soulignant l’importance d’ALMA pour mieux comprendre les conditions de formation des premières galaxies de notre univers. Découverte l’année précédente, JADES-GS-z14-0 est la galaxie la plus lointaine jamais observée. Sa lumière a mis 13,4 milliards d’années pour atteindre la Terre, ce qui signifie que nous l’observons telle qu’elle était lorsque l’univers avait moins de 300 millions d’années, soit environ 2 % de son âge actuel. Pour ne rien louper de l’actualité liée à l’espace, inscrivez vous à la newsletter btlv.
Bob Bellanca (rédaction btlv source ESO)