8 octobre 2020 : si vous nous suivez, vous savez que sur BTLV nous revenons très souvent sur le mystère qui entoure les anciennes civilisations et leurs connaissances. Nous le ferons encore une fois mercredi 14 octobre dans « Les Affranchis de l’info ». Dans cette émission, le grand témoin sera le réalisateur Patrice Pouillard à qui l’on doit « Bâtisseurs de l’Ancien Monde ». En attendant le direct à 19 heures, il est possible, et même recommandé si vous êtes curieux et passionné d’archéologie, de vous rendre au Musée du Quai Branly afin de découvrir 300 pièces du Mexique, dont de puissantes statues témoignant de mondes oubliés, comme la très ancienne civilisation olmèque et les autres cultures du golfe du Mexique.
DES OBJETS EN HÉRITAGE
Alors que le monde est dans une situation sanitaire compliquée, la direction du Musée du Quai Branly a réussi à faire venir, en grande majorité, des statues mais aussi des stèles, des boucles d’oreilles et des bijoux dont 80 % n’ont jamais été exposés en Europe. Fruits de recherches archéologiques, ces œuvres, pour certaines très volumineuses, sont arrivées il y a trois semaines à Paris. Leur transport aura nécessité sept vols : cinq vols domestiques et deux d’avions-cargo. Si seulement quatre appartiennent aux collections du musée français, c’est grâce à ses partenaires mexicains, à commencer par l’Instituto Nacional de Antropologia e Historia de Mexico (INAH) et le Museo National de Antropologia, que l’exposition peut être proposée. Avec cette expo, le Quai Branly espère ainsi faire revenir les visiteurs. Voulue par son ancien président, Stéphane Martin, cette exposition atteste de la pertinence des collaborations entre musées de différents pays. Emmanuel Kasarhérou, le nouveau patron « le patrimoine circule, s’admire et s’étudie en partage » s’en réjouit.
CULTURE MÈRE ET TRÈS PEU CONNUE
Découvrez une exposition riche d’œuvres singulières : un mystérieux “Seigneur de Las Limas” soutenant sur ses avant-bras un bébé jaguar, celle de ce “Lutteur” faisant un moulinet avec ses bras, mais aussi celle de ces deux félins et de ces deux figures humaines de Loma del Zapote, le “Prince” de Cruz Del Milagro.
Pour le commissaire de l’exposition, ces statues massives, sévères, pleines de concentration et de force animale, semblent dire « je viens du début du monde »… « elles signifient aux communautés d’alors “l’émergence du pouvoir, issu d'”un système politique, symbolique, identitaire ». Avec cette exposition, on apprend également que les Olmèques ont inventé une écriture et créé une forme de calendrier, comme le montrent des stèles et de savants panneaux. Pour Cora Falero Ruiz, vice-directrice de l’INAH et co-commissaire de l’exposition “elle met en lumière les civilisations d’une région méconnue”, une zone côtière humide de 600 km de long qui affiche une histoire de 3 000 ans, de 1600 av. J.-C. jusqu’à 1521-22 apr. J.-C.. Installée au sud des États actuels de Veracruz et de Tabasco, elle durera entre 1600 et 400 av. J.-C.. Comme le souligne Steve Bourget, responsable des collections Amériques au musée « la civilisation olmèque est la plus ancienne, la culture mère », avant de préciser « elle n’est pas entrée dans la pensée et l’imaginaire européens comme l’ont fait les Mayas ou les Aztèques, perçus comme “plus sexys, plus suggestifs ». Une méconnaissance de notre part, car pour les enfants mexicains les Olmèques sont leurs Gaulois. Des ancêtres dont ils apprennent l’histoire à l’école.
EN PLEIN DÉBAT
L’exposition vient de s’ouvrir et se tiendra jusqu’au 25 juillet 2021, alors même que le débat est relancé sur la restitution des œuvres d’art principalement à l’Afrique, mais aussi à l’Asie, l’Océanie et l’Amérique latine, les musées publics français prônent la libre circulation des œuvres. Mardi soir lors d’un vote exceptionnel, il a été demandé la restitution de 27 objets au Bénin et au Sénégal.
Bob Bellanca (rédaction btlv.fr)
