5 décembre 2023- Une étude récente portant sur des individus ayant survécu à un arrêt cardiaque a révélé que près d’un tiers d’entre eux ont rapporté des souvenirs et des perceptions pendant cette période, suggérant une forme de conscience. Un constat également rapporté par le Dr Jean-Pierre Jourdan dans l’émission « EMI : expérience de mort imminente, le grand secret » à voir ci-dessous.
Certains ont décrit leur réveil pendant ou après une réanimation cardio-pulmonaire, tandis que d’autres ont partagé des expériences oniriques ou transcendantales liées à la mort. De manière significative, les chercheurs ont également identifié des signes d’activité cérébrale même après l’arrêt du cœur. Un article a été publié dans la revue “Réanimation”.
L’arrêt cardiaque survient lorsque le cœur cesse de battre en raison d’une perturbation électrique perturbant son rythme normal. Cela entraîne l’arrêt du flux sanguin vers les organes vitaux, y compris le cerveau, pouvant provoquer une perte de conscience voire la mort si une intervention n’est pas réalisée rapidement. Il est important de noter que l’arrêt cardiaque diffère d’une crise cardiaque, qui entraîne un blocage des vaisseaux sanguins irriguant le muscle cardiaque.
Aux États-Unis, entre 350 000 et 750 000 personnes subissent un arrêt cardiaque chaque année, mais seulement environ 10 % d’entre elles survivent. Alors que les individus en arrêt cardiaque semblent généralement inconscients, environ un tiers des survivants déclarent avoir eu des expériences conscientes pendant cette période. Cependant, jusqu’à présent, il était difficile de déterminer si ces expériences reflétaient une véritable conscience de leur environnement.
LES EMI ÉTUDIÉES
Les chercheurs, dirigés par Sam Parnia, ont entrepris cette étude pour examiner les expériences cognitives des survivants d’arrêt cardiaque. Ils ont souhaité classifier les types d’expériences rapportées tout en recherchant des biomarqueurs électroencéphalographiques indiquant si et quand, une personne en arrêt cardiaque sort du coma et reprend conscience. Ces données pourraient aider à déterminer à quel moment une personne en arrêt cardiaque présente également une activité cognitive lucide.
L’étude a impliqué 567 patients ayant subi un arrêt cardiaque dans 25 hôpitaux. Pendant la réanimation, des images et des sons, tels que des mots associés à des fruits, ont été présentés aux patients via une tablette et des écouteurs pour tester leur mémoire après l’arrêt cardiaque.
Parmi ces patients, 213 ont réussi à retrouver une circulation sanguine grâce aux efforts médicaux, mais seulement 53 d’entre eux, soit un peu plus de 9 %, ont survécu suffisamment longtemps pour quitter l’hôpital. Ces survivants étaient plus souvent de sexe masculin et plus jeunes. La réanimation cardio-pulmonaire a duré en moyenne 26 minutes, mais cette durée variait considérablement.
Des entretiens ont été menés avec 28 survivants pour recueillir leurs expériences lors de l’arrêt cardiaque ou EMI. Onze d’entre eux ont partagé ont des souvenirs et des perceptions indiquant une conscience, même s’ils ne montraient aucun signe externe de conscience, tels que des gémissements ou des mouvements. Ces expériences comprenaient le réveil pendant ou après la réanimation, ainsi que des expériences oniriques ou transcendantales.
DES EMI CATÉGORISÉES
Ces expériences ont été regroupées en quatre catégories : La sortie du coma pendant ou après la réanimation, les expériences oniriques, les souvenirs de mort et des interprétations délirantes des événements médicaux. Les participants qui ont repris conscience pendant la réanimation ont décrit l’impact de la procédure sur leur corps, tandis que ceux qui ont repris conscience après la réanimation se souvenaient généralement de l’unité de soins intensifs.
Les personnes qui ont évoqué des souvenirs de mort ont partagé des perceptions de séparation avec leur corps et une conscience visuelle de la situation depuis le point de vue des personnes effectuant la réanimation. Certaines ont même décrit une réévaluation ciblée de leur vie avant de retourner dans leur corps.
Des expériences oniriques variées ont également été rapportées, telles que des visions d’arcs-en-ciel, de poissons, d’igloos, d’êtres humanoïdes et d’autres thèmes. Les chercheurs n’ont pas identifié de schéma commun à ces expériences.
De plus, une sous-étude a été menée, impliquant une surveillance cérébrale par électroencéphalographie (EEG) pour enregistrer l’activité électrique du cerveau. Les données EEG ont été recueillies auprès de 85 sujets pendant la réanimation, mais seules 53 d’entre elles étaient exploitables en raison de problèmes techniques.
Les données EEG ont révélé diverses tendances, notamment une absence d’activité cérébrale corticale (EEG supprimé) dans 47 % des cas, une activité de type crise (épileptiforme) dans environ 5 %, et une activité cérébrale proche de la normale ou physiologique compatible avec la conscience dans environ 40 % des cas.
Ces résultats révèlent que les personnes en arrêt cardiaque peuvent avoir des expériences de conscience malgré l’absence de signes visibles de conscience. Bien que ces expériences n’étaient pas encore été scientifiquement prouvées ni totalement comprises, elles méritent une enquête empirique plus approfondie, selon les auteurs de l’étude.