29 janvier 2018 : L’un des ouvrages les plus mystérieux de la planète sera bientôt lisible par tous grâce à Siléo (Burgos), la maison d’édition espagnole qui vient d’obtenir les droits de reproduction du célèbre manuscrit de Voynich.
Écrit dans une langue, toujours inconnue à ce jour, et saupoudré d’illustrations des plus étranges, les adeptes du mystère et de l’inexpliqué, voulant le décrypter, vont pouvoir s’en donner à cœur joie. Il a été édité pour la première fois pour le grand public et les plus courageux vont avoir le loisir de se faire des cheveux blancs, quand on sait que depuis un siècle, les plus grands cryptanalystes n’ont toujours pas trouvé d’explications.

Tiré à seulement à 898 exemplaires, il faudra s’alléger de 8 000 euros pour en obtenir un comme le signale Raymond Clemens, conservateur de la bibliothèque Beinecke de Yale (USA), où le Voynich est conservé : « Nous avons pris cette décision à cause de la fragilité de l’original. Nous ne pouvons autoriser un grand nombre de gens à le manipuler »… « Nous avons également publié un fac-similé photographique ».
ET SI L’AUTEUR (E) DU MANUSCRIT DE VOYNICH ÉTAIT UNE FEMME ?
Les données déjà récoltées sur le manuscrit de Voynich nous apprennent qu’il aurait été réalisé entre 1404 et 1438. Avec ses 234 feuilles de parchemin, il doit son nom au bibliophile qui le découvre en Italie en 1912. Toutefois, d’après le cryptanalyste Antoine Casanova, membre de l’Association des réservistes du chiffre et de la sécurité de l’information : « il pourrait s’agir d’une copie d’un original bien antérieur ». Pour lui, si la langue dans laquelle le manuscrit de Voynich est écrit n’a toujours pas été identifiée, il penche pour une langue dérivée du latin comme il le rappelle : « Les grandes lettres ornementées de boucles renvoient aux manuscrits du XIIe siècle. L’analyse des structures linguistiques fait penser à l’anglo-normand ».
UN CONTENU ENYGMATIQUE
Si l’écriture rend fous les plus grands linguistes qui tentent de le décrypter, les dessins intriguent tout autant les spécialistes. Des dessins qui représentent de multiples variétés de plantes, des constellations, des lézards ou encore des sirènes, mais aussi des figures féminines au bain, comme le souligne Antoine Casanova : « Le premier manuscrit européen traitant de soins pour les femmes « De passionibus mulierum curandarum » de Trotula de Salerne décrit au XI siècle, l’usage de bains thérapeutiques qu’on peut rapprocher des dessins du Voynich ».

Toutefois, une deuxième piste s’invite à la réflexion. Les écrits contenus dans le manuscrit de Voynich s’adaptent aux dessins, qui auraient donc été réalisés avant eux. Pour Antoine Casanova, cela pourrait cautionner l’intervention d’un dessinateur professionnel, probablement masculin. Dans tous les cas, une chose est sûre : « Affirmer qu’il s’agit d’un canular est une échappatoire écartant tout effort de recherche », souligne le cryptanalyste.
Bob Bellanca (btlv.fr/source Yale University Press)