7 octobre 2024 – Il y a plus de 4 000 ans le dernier mammouth laineux disparaissait de la surface de la Terre. Depuis l’avènement de la science moderne et des techniques liées à l’ADN, des chercheurs ne cessent de vouloir le ramener à la vie.
Ben Lamm, PDG et fondateur de Colossal Biosciences, annonce qu’en 2028, il y sera parvenu. Un scénario à la Jurassik Park. Dans le film de Spielberg, les scientifiques ramènent les dinosaures à la vie en récupérant de l’ADN ancien congelé dans l’ambre avant d’utiliser des gènes prélevés sur des grenouilles pour colmater les trous dans l’ADN des dinosaures ; les chercheurs de Colossal Biosciences travaillent en réalité à l’envers.
« Nous ne prenons pas l’ADN des mammouths pour en boucher les trous, nous essayons de transférer les gènes perdus des mammouths aux éléphants d’Asie » a déclaré Ben Lamm
Les éléphants d’Asie partagent 95 % de leur génome avec les mammouths laineux et sont en réalité plus étroitement liés à ces géants éteints qu’aux éléphants d’Afrique.
En comprenant exactement en quoi les mammouths laineux diffèrent de leurs plus proches parents vivants, les scientifiques de Colossal Biosciences affirment avoir identifié plusieurs « gènes cibles ».
L’ADN hybride éléphant-mammouth obtenu pourra ensuite être utilisé pour créer des cellules souches pluripotentes (ndlr : qui a le potentiel de devenir n’importe quel tissu).
Ces cellules seront ensuite transformées en spermatozoïdes, en ovules ou même en embryons viables contenant la programmation génétique pour devenir un mammouth. Elles seront ensuite insérées dans des éléphants d’Asie pour les élever jusqu’à terme, donnant ainsi naissance à un mammouth laineux vivant.
LE PREMIER MAMMOUTH LAINEUX EN 2028
Malgré toutes les difficultés qui jalonnent cette entreprise biologique, Ben Lamm dit être « convaincu » qu’il respectera le délai qu’avec son équipe ils se sont imposés. « Nous avons fixé un délai pour les premiers veaux mammouths, fin 2028, et nous sommes actuellement sur la bonne voie pour y parvenir ».
Le chercheur a également déclaré à MailOnline que le mammouth laineux ne serait peut-être pas la première créature à être ramenée de l’extinction. L’entreprise tente également de ramener le dodo, qui a été conduit à l’extinction dans les années 1600, ainsi que le tigre de Tasmanie, ou thylacine.
Le but de Ben Lamm est de créer une colonie de mammouths laineux autonomes : « Notre objectif, pour réussir véritablement, est de créer des troupeaux génétiquement diversifiés et interfécondables, capables de constituer des populations durables dans la nature… Je considère tous ces projets comme des projets de réensauvagèrent », a-t-il expliqué.
QUEL PAYS POUR ACCUEILLIR LE MAMMOUTH LAINEUX ?
Ben Lamm dit avoir « eu des discussions préliminaires » avec les États du nord de l’Amérique, notamment l’Alaska, ainsi qu’avec le Canada afin d’identifier des sites potentiels pouvant accueillir ces mammouths laineux.
De même que l’entreprise est en train de cartographier des endroits où relâcher des dodos à l’île Maurice et des thylacines en Tasmanie. Si sur le papier cela semble une belle entreprise, il faut se remémorer ce qui arrive dans le film Jurassic Park et qui soulève de nombreuses questions. Ces créatures sont-elles capables de vivre avec l’homme moderne ?
D’autre part, l’introduction de toute nouvelle espèce dans l’environnement ne pourrait-elle pas perturber l’équilibre de l’écosystème ? Les plus sceptiques soulignent que n’avons aucune idée de ce qui se peut passer quand des espèces disparues depuis longtemps sont ressuscitées.
Interrogé à ce sujet Ben Lamm a déclaré : « Nous devons disposer des données, et celles-ci doivent être collectées et mesurées de manière réfléchie… Toutefois, une partie de cela relève encore de la modélisation et je ne peux pas, en toute conscience, dire qu’une modélisation réalisée par des scientifiques affiliés ou non à Colossal peut vous donner une précision de 100 % ».
Se référant à la réintroduction du bison dans le parc national de Yellowstone et au Royaume-Uni, Ben Lamm se dit confiant des effets tout aussi positifs : « Nous sommes convaincus qu’en général, un écosystème plus diversifié est un meilleur écosystème ». Pour ne rien louper de l’actualité mystérieuse, inscrivez-vous à la newsletter btlv.
Bob Bellanca (rédaction btlv)