James Webb a-t-il observé des traces de sphères de Dyson ?

1^er avrils 2022 – Le télescope spatial James Webb, depuis son lancement, n’arrête pas de nous surprendre avec ses découvertes. Dernièrement, il a capté une étrange signature qui pourrait correspondre à des sphères de Dyson. D’autres études doivent être menées pour essayer d’en savoir plus.

Sommes-nous seuls dans l’Univers ? Voici l’éternelle question à laquelle l’Homme tente de répondre. Chaque jour, nous repoussons les limites de l’exploration spatiale, mais toujours pas de traces de vie extraterrestre. Ou alors peut-être sommes-nous passés à côté ?

En effet dans un précédent article, nous exposions la théorie du physicien Abraham Loeb. Ce dernier proposait de s’intéresser à l’archéologie spatiale. Selon lui, si une civilisation extraterrestre est plus avancée que nous, il y a de fortes chances qu’elle ait disparu. Il faudrait donc également chercher des vestiges de leur présence dans l’Univers.

Fumio Abe, astrophysicien de Nagoya au Japon pense également que pour trouver de la vie, nous nous y prenons mal. Dans la continuité d’Abraham Loeb, il propose que l’on étudie à nouveaux toutes les données collectées ces dernières décennies, à la recherche de traces laissées par des trous de ver. Car ceux-ci n’auraient pu être que créés par une civilisation extraterrestre plus avancée.

Lancé en décembre dernier, James Webb pourrait être un outil crucial dans la recherche de vie extraterrestre. Il n’y a qu’à regarder la dernière image prise pour se rendre compte de la précision de ses équipements. Et pourtant, la mise en place de ses instruments n’est pas totalement terminée. Les scientifiques ne pourront commencer véritablement leur travail de recherche qu’en été.

Quand on voit la précision de ses outils alors qu’ils ne sont pas encore totalement opérationnels, il n’est alors pas étonnant de déjà entendre parler d’une découverte troublante.

L’étoile 2MASS J17554042+6551277 prise par James Webb à gauche et par Spitzer à droite / © Nasa

Mais avant de s’intéresser à cette potentielle découverte, un cours d’histoire et de science s’impose. À la fin des années 1960, deux astronomes ukrainiens publient un ouvrage, Intelligent Life in the Universe (ndlr : La vie intelligente dans l’Univers). Ils se penchent à l’occasion sur des technosignatures possibles d’une civilisation extraterrestre. Celle-ci aurait pu, à l’aide des sphères de Dyson atteindre le « type III » sur l’échelle de Kardachev.

Ces deux astronomes, ce sont Carl Sagan et Iossif Chklovski, tous deux des personnes importantes dans leur domaine.

Carl Sagan, exobiologiste est notamment connu pour être un pionnier du programme Seti, qui recherche des traces de vie extraterrestre. Iossif Chklovski, quant à lui est le premier à avoir correctement interprété l’origine du rayonnement de la nébuleuse du Crabe.

Théorisées pour la première fois par le physicien Freeman Dyson, les sphères de Dyson permettraient d’exploiter les ressources des étoiles.

La classification des civilisations selon Nikolaï Kardachev les classe en fonction de leur capacité à exploiter les ressources de leur planète (Type I), puis de leur étoile (Type II), et enfin de toute la galaxie (Type III).

Justement, les sphères de Dyson pourraient être l’outil pour exploiter les ressources d’une étoile comme notre Soleil par exemple. Concrètement cela prendrait l’apparence d’une coque semi-solide, de deux à trois mètres d’épaisseurs. Elle piégerait les rayons de l’astre, pour que cela soit ensuite exploitée par la civilisation qui aurait développé la sphère.

Nous avions d’ailleurs réalisé une émission sur le sujet des sphères de Dyson. “L’immortalité, plus qu’une éventualité ?” avec Alexey Turchin est disponible sur btlv.fr.

Vue d’artiste d’une sphère de Dyson / © btlv

Mais l’utilisation d’une telle technologie finira par un inévitable surchauffement de la coque. Cette dernière émettra alors un rayonnement thermique d’excellente qualité, semblable à celui d’un corps noir.

Lorsque l’on observe le spectre infrarouge d’une étoile, on peut voir qu’il se rapproche de celui d’un corps noir. On pourrait alors croire que différencier une sphère de Dyson d’un objet céleste serait impossible, mais pas totalement. En effet le spectre de l’étoile montre des séries de hachures qui correspondent à des raies d’absorption. Chose que l’on ne trouve pas dans le cas de la sphère.

Pour en revenir au télescope James Webb, les deux astronomes ukrainiens proposaient d’utiliser la méthode des sphères de Dyson pour trouver des traces d’une civilisation extraterrestre. Il faudrait essayer de détecter des objets qui ont un rayonnement dans l’infrarouge qui s’apparente à celui d’un corps presque parfait.

Il semblerait que justement James Webb ait capté quelque chose de semblable dans une galaxie. Mais cette information est à prendre avec des pincettes. En effet, comme écrit plus haut, le télescope est encore en phase d’équilibrage de ses instruments. Il se pourrait que cela soit le résultat d’un outil mal calibré. Nous devrons déjà en apprendre plus cet été, lorsque James Webb sera totalement opérationnel.

Noémie Perrin (rédaction btlv.fr)