31 MARS 2021 – Des milliers d’abeille sont mortes en Colombie suite à l’usage de fipronil dans certaines cultures agricoles. Ce pesticide est interdit en Europe mais les apiculteurs sont alarmistes, cette restriction est insuffisante face au « massacre » des ruches.
Début mars 2021, Sandra Molina, directrice du département des intrants agricoles à l’Institut colombien d’agriculture (ICA) a précisé que la mesure « suspend temporairement la validation de pesticides contenant du fipronil et utilisés pour les cultures d’avocat, d’agrumes, de café et de passiflore » . Il est également suggéré par les apiculteurs d’arrêter définitivement leur utilisation sur le marché pour endiguer le « massacre des abeilles. »
Les paysans du sud de la Colombie ont commencé à polliniser manuellement leurs champs en raison de la raréfaction des abeilles, qui jouent un rôle majeur dans les récoltes mondiales.
A la fin de l’année 2020, des apiculteurs dénonçaient auprès de l’AFP que leur ruches avaient été empoisonnées, principalement dans l’ouest de la Colombie, où l’on retrouve en lasse des plantations de cafés, d’agrumes et d’avocat. Ils ajoutent : « cela donne six mois pour épuiser les réserves. Donc si on fait le compte, il n’y a aucune suspension”, dénonce Faber Sabogal, président de l’association Asoproabejas. Mme Molina défend la décision, affirmant que les apiculteurs interprètent mal le texte.
Au coeur de la polémique
Le fipronil est utilisé depuis 1993 en Colombie. Selon la fonctionnaire de l’ICA, les six mois permettront aux fabricants d’indiquer sur les produits contenant du fipronil qu’ils ne peuvent être utilisés pour les plantations d’avocat, de café, d’agrumes et de passiflore, où se concentre la plus importante mortalité d’abeilles. Si après ce délai, au 4 août prochain, cela n’a pas été précisé sur l’étiquette “nous annulerons l’enregistrement pour tous les usages”, a indiqué Mme Molina. La mesure ne restreint donc pas l’utilisation de ce pesticide pour d’autres plantations.
Un des apiculteur souligne que “L’usage est suspendu seulement pour certaines cultures, mais un agriculteur peut encore acheter du fipronil pour la pomme de terre et l’appliquer sur d’autres”. Mme Molina conteste en affirmant que seulement quatre types de plantations sont concernées parce que c’est à leurs alentours que meurent les abeilles. “Nous ne pouvons aller plus loin tant que nous n’avons pas plus d’éléments”, affirme-t-elle.
Les apiculteurs demandent que le pesticide “soit suspendu de manière définitive” en Colombie ajoute M. Sabogal. L’ICA plaide la patience : “On ne peut prendre une mesure aussi drastique que de suspendre totalement le produit. Il y a une marche à suivre (…) il se peut qu’en définitive, nous découvrions qu’il doit être totalement suspendu comme cela a été le cas dans d’autres pays”, estime Mme Molina.
Chloé Bellanca (rédaction btlv.fr)
