13 janvier 2025 – Une étude récente réalisée par les chercheuses Olga Antowska-Gorączniak et Olena Veremeychyk a ravivé les discussions concernant huit disques médiévaux en pyrophyllite trouvés en Ukraine.
Ces objets, datant des 12e et 13e siècles, ont longtemps troublé les archéologues en raison de leur conception élaborée et de leur usage inconnu. Les recherches récentes indiquent que ces disques pourraient avoir servi de boussoles solaires, un outil de navigation avancé associé aux navigateurs vikings.
Fabriqués en pyrophyllite, un minéral tendre abondant près d’Ovruch, ces disques ont été trouvés dans des villes médiévales telles que Kiev, Liubech et Listven. Leurs gravures énigmatiques, comprenant des cercles concentriques et des lignes radiales, ont engendré diverses spéculations sur leur fonction, allant de calendriers à des instruments de bijouterie, en passant par des éléments de décoration pour meubles ou des outils de taille de pierres.
DES DISQUES EN PYROPHYLLITE
La pyrophyllite, en raison de sa douceur, était prisée pour la création d’une variété d’objets, des icônes religieuses aux moules, ce qui complique encore plus la compréhension de l’usage de ces disques. L’étude met en avant l’influence potentielle des Varègues, des marchands et navigateurs scandinaves, qui ont navigué dans la région le long du corridor commercial reliant la mer Noire à la mer Baltique, favorisant les échanges culturels et technologiques. Les scientifiques affirment que la forme et l’usage des disques sont en adéquation avec les technologies maritimes scandinaves de l’époque, en particulier les boussoles solaires utilisées par les vikings.
Ces instruments, qui servaient aux vikings pour la navigation maritime, utilisaient un gnomon associé à un cadran marqué de lignes spécifiques, permettant de déterminer la direction et la latitude en fonction de la position du soleil. Des objets analogues en os et en bois ont été retrouvés dans les régions de la mer Baltique et au Groenland, indiquant une continuité technologique.
Dans leur publication dans Sprawozdania Archeologiczne, les chercheurs ont noté que la provenance locale de la matière première des disques suggère une fabrication sur place. Ils ont également souligné que bien que la forme et l’usage des disques aient pu être influencés par les navigateurs et commerçants scandinaves, ce qui explique leur présence le long des voies commerciales fluviales, il y a une concordance avec les disques trouvés dans ces mêmes régions.
Trois disques en particulier présentaient des caractéristiques similaires aux boussoles solaires vikings, avec des motifs radiaux gravés et des trous centraux, ce qui laissait supposer qu’ils pouvaient être utilisés pour tracer des lignes gnomoniques temporaires avec des matériaux effaçables comme la craie ou le fusain.

Le disque d’ardoise pyrophyllite de Listven / Crédit photo : O. Veremeychyk
DES DISQUES NÉCESSAIRES À LA NAVIGATION
Cette capacité d’adaptation était cruciale pour naviguer et s’ajuster aux nouvelles latitudes lors des déplacements. Cependant, l’absence de marquages permanents pour les lignes de solstice et d’équinoxe, souvent présentes sur les boussoles vikings, suscite encore des doutes.
Les chercheurs ont également noté que les dimensions et la conception des disques trouvés en Ukraine sont très similaires à celles des instruments de navigation retrouvés au Groenland et à Wolin en Pologne. Ces similitudes laissent penser que les disques en pyrophyllite pourraient être une adaptation locale des instruments de navigation vikings. Néanmoins, des divergences significatives subsistent entre les disques ukrainiens et les boussoles solaires vikings. Les critiques soulignent que les gravures superficielles des disques et l’absence de gnomons rendent leur utilisation en tant qu’instruments de navigation peu probable. D’autres fonctions, comme celle d’outils artisanaux ou d’objets symboliques, restent envisageables.
Des références historiques viennent aussi compliquer la compréhension de ces disques. Par exemple, un disque en bois du Groenland, reconstitué en 1984, a été suggéré comme ayant pu servir de boussole solaire lors d’un voyage, bien que son usage réel reste débattu. D’autres suggestions pour son utilisation incluent son emploi comme flotteur de pêche ou comme tampon pour la poterie. Afin de clarifier ces ambiguïtés, les chercheurs recommandent des études plus approfondies, incluant des analyses détaillées, des investigations archéologiques expérimentales et des études sur l’usure de la surface. L’étude conclut en insistant sur la nécessité d’une recherche approfondie sur ces disques en pyrophyllite, incluant des expérimentations en laboratoire pour mieux comprendre leur fonction et leur chronologie. Pour ne rien louper de l’actualité liée à l’archéologie mystérieuse, inscrivez-vous à la newsletter btlv.
Bob Bellanca (rédaction btlv source Archeology News)