18 février 2020 — Napoléon III, Victor Hugo ou Chateaubriand fréquentaient ses stations au XIXème siècle. Le thermalisme pyrénéen tente désormais, sur un marché en pleine mutation, de se réinventer pour retrouver son glorieux passé, via souvent un recours au secteur privé.
C’est notamment le cas à Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne), où les thermes Chambert, inaugurés en 1857 sur l’emplacement d’anciens bains romains, ont perdu leur lustre d’antan.
Pour retrouver ce vernis, qui attirait Edmond Rostand, Lamartine ou Gustave Flaubert, la municipalité a engagé un processus de concession de l’établissement thermal, jusque-là géré par la Ville, en lançant une délégation de service public.
Des négociations sont en cours avec un groupe spécialisé pour la reprise des thermes, qui accueillaient plus de 30.000 curistes dans les années 1980, un peu moins de 11.000 l’an dernier.
“Nous étions partis sur une perspective de création d’une Société Publique Locale, mais nous n’avons pas trouvé d’entités publiques qui veuillent s’associer à cette démarche”, explique le maire, Louis Ferré.
“Au-delà, le problème qui se serait posé aurait été la capacité d’investissement”, ajoute-t-il, alors que les fonds nécessaires pour rénover les thermes sont estimés à quelque 30 millions d’euros.
“Le thermalisme est une activité commerciale qui exige de la visibilité. C’est un choix qui est indispensable pour assurer l’avenir des thermes”, insiste l’élu.
“CONCENTRATION DU MARCHÉ”
Moins renommés, les thermes de Salies-du-Salat (Haute-Garonne), à moins de 80 km de là, se cherchent également un repreneur. Avec un peu moins de 1.500 curistes accueillis en 2019, l’établissement n’est pas rentable.
“Il faudrait en avoir entre 2.500 et 3.000”, affirme le maire, Jean-Pierre Duprat. Estimés à 14 millions d’euros hors taxe, les travaux de rénovation seraient à la charge du futur concessionnaire, “qui bénéficiera quand même de 30% de subventions”, indique-t-il.
Plus à l’ouest de la chaîne pyrénéenne, les thermes de Salies-de-Béarn (Pyrénées-Atlantiques) préparent aussi leur mue.
Le groupe France Thermes mène des négociations exclusives avec la municipalité pour acquérir le fonds de commerce de l’établissement thermal, ainsi que plusieurs terrains et bâtiments.
L’entreprise envisage d’y créer un “resort thermal”, à l’image des complexes qu’elle exploite déjà en Normandie, en Auvergne et dans l’Allier. Montant de l’opération: entre 15 et 20 millions d’euros.
“Il y a une concentration du marché vers des opérateurs très professionnels”, principalement “quatre groupes, dont deux adossés à des fonds de pension”, explique Thierry Dubois, président du Conseil national des établissements thermaux (CNETh).
Des collectivités territoriales qui géraient directement des établissements “se rendent compte que ce n’est pas vraiment leur métier”, ajoute-t-il.
Rédaction btlv.fr (source AFP)
