12 mars 2021 — La mystérieuse Vallée des jarres au Laos intrigue non seulement des touristes, mais aussi des scientifiques. Depuis plusieurs décennies, les chercheurs ont supposé que les jarres faisaient partie d’une pratique d’inhumation ancestrale. Mais les légendes et traditions locales disent que ces étranges éléments de pierre étaient utilisés pour stocker de la nourriture, de l’alcool et de l’eau de pluie. Pendant de nombreuses années, il était impossible d’en savoir plus sur ces lieux à cause des bombes non explosées larguées par l’US Air Force dans les années 60.
Depuis 50 ans, des centaines de Laotiens meurent chaque année à la suite d’explosion de bombes. C’est pour cette raison que seulement environ 10% des mégalithes ont été explorés dans la vallée des jarres. Les archéologues ont commencé à mener des expéditions dans des zones qui avaient été sécurisées : «Jusqu’à présent, nous n’avons pas pu ni les analyser ni les dater ».
DE NOUVELLES ANALYSES PLUS POUSSÉES
Ils ont également mené des analyses au radiocarbone et d’après l’étude, les structures auraient été placées là entre 1240 et 660 avant J.-C, soit il y a entre 2.600 et 3.300 ans.
Leur usage se serait toutefois étendu bien au-delà. Les échantillons examinés suggèrent en effet que les traces d’activité mises en évidence autour des jarres remonteraient à entre le IXe et le XIIIe siècle après J.-C, soit à au moins 1.500 ans après leur installation dans la vallée.
“Avec ces nouvelles données […], nous savons maintenant que ces sites ont conservé une signification rituelle durable de la période de placement initial des jarres aux temps historiques”, a expliqué dans un communiqué, le Dr. Louise Shewan, archéologue de l’Université de Melbourne qui co-dirige le projet de recherche.
DES JARRES UTILISÉES SUR DE LONGUES PÉRIODES
Dans certains endroits de la vallée, des sépultures humaines ont été découvertes, qui étaient également datées. Les restes appartiennent à des personnes qui ont vécu à différentes périodes entre le 9ème et le 13ème siècle après JC. Cela signifie que les jarres elles-mêmes sont apparues dans la région avant même les rituels funéraires dans ces lieux.
«Cela suggère fortement que le placement des mégalithes a précédé l’activité funéraire autour des jarres, indiquant la réutilisation de ces sites et une signification rituelle non héritée», notent les chercheurs.
Malgré ces découvertes, les scientifiques ne peuvent tirer aucune conclusion de ces informations, car pour cela, il est nécessaire d’étudier toute la vallée. On en ne sait toujours pas de quelle carrière la pierre a été extraite et comment la pierre a été amenée sur place, cela reste un mystère.
En outre, la question de savoir comment tous les éléments ont été positionnés, énigmatique. L’étude des mégalithes en un seul lieu suggère que le matériau nécessaire a été prélevé dans une carrière à 8 kilomètres de l’emplacement où ils se trouvent. Et la manière dont cette civilisation ancienne qui a créé ces objets aurait réussi à déplacer la pierre elle-même est encore inconnue.
François Deymier (rédaction btlv.fr)