(SUPERSTITIONS) Ces animaux toujours victimes de croyances irrationnelles

30 décembre 2020 — Une pincée de poudre d’os de chimpanzé, de la salive de gecko et un soupçon de cerveau de vautour. Une potion magique ? Non, simplement quelques substances prisées de l’énorme trafic de parties d’animaux aux vertus soi-disant miraculeuses.

Asthme, gueule de bois, cancer ou encore sida, certains de ces éléments hors de prix sont des ingrédients clés de remèdes ancestraux prescrits par des médecines traditionnelles d’Asie ou d’Afrique. D’autres sont tout simplement de prétendus médicaments miracles inventés par des charlatans, expliquent des experts. À côté de la fameuse corne de rhinocéros ou des écailles de pangolins, d’autres substances souvent arrachées à des espèces en danger sont plus confidentielles, des griffes de paresseux aux branchies de raies manta, en passant par les embryons de macaque.

DES USAGES MÉDICINAUX BIDONS

La crise du braconnage des rhinocéros, qui a commencé vers 2007, trouve son origine dans des usages médicinaux bidons. En 1960, quelque 100.000 rhinocéros noirs vivaient en Afrique. En 2016, ils n’étaient que 28.000 rhinocéros toutes espèces confondues en Afrique et en Asie, selon un rapport de l’ONU. Des déclarations d’un homme politique vantant les propriétés anti-cancer de la corne seraient à l’origine d’une augmentation de la demande au Vietnam dans les années 2000, même si cela n’a aucune base scientifique. Les vertus attribuées à cette corne ont ensuite évolué, certains s’en servant pour soigner une gueule de bois, d’autres simplement pour afficher leur richesse. Malgré l’interdiction en Chine, la demande n’a pas diminué, et le produit se vend à des dizaines de milliers de dollars le kilo. La corne était à l’origine prescrite en médecine traditionnelle chinoise contre la fièvre. Et certaines études ont conclu à une certaine efficacité en la matière. Mais pas plus que l’aspirine. D’autres ingrédients semblent plus opérants, comme la bile d’ours qui contient un acide efficace contre une maladie du foie, aujourd’hui synthétisé. Mais pour de nombreux autres, la demande se nourrit des superstitions, selon les experts.

HUIT ESPÈCES EN DANGER CRITIQUE

Les écailles de pangolins, petit fourmilier à longue queue dont deux des huit espèces sont en « danger critique », sont vendues en Asie à 500 dollars le kilo, contre l’asthme ou les migraines, sans aucune preuve scientifique. Aucune preuve non plus que le gecko tokay soigne le sida, ou que les os de tigre stimulent la virilité. Les superstitions, les médecines traditionnelles et les techniques de marketing virales aggravent les pressions sur les espèces animales », dénonce aussi Charlotte Nithart, de Robin des Bois. Cette ONG française a répertorié un trafic d’os de girafes pour soigner le sida en Afrique ou de poudre d’os de chimpanzé pour la virilité. Tandis que les cerveaux de vautours sont fumés en Afrique du Sud pour prédire les numéros du loto. Même si ce braconnage n’est pas la principale raison de la disparition d’animaux sauvages, surtout menacés par la perte de leur habitat, ce trafic représente selon WWF plus de 15 milliards d’euros par an, en quatrième position derrière les trafics de drogue, produits contrefaits et êtres humains. »Il y a de plus en plus d’arrestations et de poursuites, de condamnation à de la prison. Cela envoie un message fort, mais changer les mentalités est difficile.

François Deymier (rédaction btlv.fr)

Accédez à des émissions exclusives avec nos offres sans engagement
Découvrez nos offres

Partagez et suivez nous sur nos réseaux réseaux !

Facebook Twitter YouTube Instagram TikTok Twitch
La connaissance ne s'arrête pas... J'explore tout l'univers de BTLV !
Je rejoins BTLV

Partagez et suivez nous sur nos réseaux réseaux !

Facebook Twitter YouTube Instagram TikTok Twitch

Actus susceptibles de vous intéresser

Aller en haut