29 juin 2020 – On sait depuis longtemps que notre cerveau est bien plus complexe à comprendre que ce que l’on sait déjà sur lui. Contrairement aux idées reçues, on utilise bien 100% de nos capacités cérébrales, mais ce qui fait dire que l’on en utilise que 10% c’est qu’on n’utilise pas les 100% en même temps. En revanche, on voit chez certains autistes certaines capacités totalement décuplées.
D’autres malades peuvent eux aussi faire apparaître des singularités. C’est le cas de cet homme atteint du syndrome corticobasal (ndlr : maladie dégénérative rare du cerveau). Observés par des chercheurs de l’Université John-Hopkins aux États-Unis et souffrant dans un premier temps de maux de tête, les symptômes se sont transformés en perte de mémoire temporaire et en spasmes musculaires. Mais, fait rare, le patient est depuis incapable de distinguer les chiffres de 2 à 9. Lorsqu’on lui présente des chiffres, il dit ne voir que des lignes noires ondulées.

Crédit photo : Université John Hopkins
DES FIGURES EN MOUVEMENT
Si le chiffre est en couleur, cette dernière devient l’arrière-plan des représentations qu’il en fait et qui ressemblent à des gribouillis. Mais cela ne s’arrête pas là, si le patient détourne le regard de la feuille sur laquelle il a donné sa représentation des chiffres qu’on lui a présentés, les lignes du gribouillage changent de forme.
Comme l’explique Michael McCloskey, principal auteur de l’étude « Il est vraiment très bon avec les chiffres. Comme il est ingénieur, les chiffres l’accompagnent dans son travail. Il les comprend aisément ». Malgré tout, les chercheurs ont compris que si on place un numéro au-dessus de l’image d’un objet familier, c’est toute l’image qui devient brouillée. Le patient ne reconnaît plus l’objet en question. Il faut éloigner l’image de ses yeux progressivement pour qu’il puisse à nouveau l’identifier clairement. Comme il le dit lui-même, les chiffres s’apparentent à un plat de « spaghettis ». Autre singularité, sa capacité à percevoir les 0 et les 1. Avec ces deux chiffres, il n’y a aucun problème. Cela démontre une nouvelle fois, la complexité de notre cerveau et de son analyse de la situation.
Avec les lettres M, N, P, R, S, Z, le patient montre aussi quelques difficultés sans pour autant qu’il lui soit incapable de les identifier.Comme on peut le lire dans l’étude publiée dans la revue scientifique PNAS, les scientifiques ont procédé à plusieurs expériences durant lesquelles le patient était équipé d’un l’électroencéphalogramme (EEG). Lorsqu’un visage s’affichait au-dessus d’un chiffre, ce dernier ne le voyait pas et pourtant l’EEG montrait que certaines parties de son cerveau “s’illuminaient” comme cela se produit habituellement lorsque nous regardons un visage. Aucune anomalie de détection. En clair, le patient détecte un visage sans avoir conscience de sa présence. Un problème de communication entre la vue et le cerveau, car là encore l’EEG indiquait que son cerveau obtenait bien l’image complète. Les responsables de l’étude évoquent ici une séparation de la conscience et de la perception.
Voilà qui prouve encore une fois que nous ne savons pas grand-chose de notre conscience. C’est une des raisons pour lesquelles, sur btlv.fr, nous recevons des scientifiques comme le physicien (Cristal du CNRS) Philippe Guillemant qui tente de nous apporter son éclairage comme dans cet entretien :
Bob Bellanca (source PNAS)