25 mars 2020 — Il n’y a “pas de pénurie” en France de médicaments à base de chloroquine, sous les feux des projecteurs à cause du Covid-19, mais la très forte demande et le confinement retardent les livraisons, ce qui alarme des associations de malades chroniques.
“A date, il n’y a pas de pénurie en hydroxychloroquine ni en chloroquine”, a assuré à l’AFP l’ANSM, l’agence du médicament.
Confirmant l’absence de pénurie sur ces médicaments, le Directeur général de la santé Jérôme Salomon a rappelé mardi soir qu’il fallait “prioriser” les malades chroniques.
L’hydroxychloroquine, un dérivé de l’antipaludéen chloroquine, est utilisée comme traitement du lupus, une maladie auto-immune, ainsi que d’autres pathologies, en particulier des maladies inflammatoires.
Les malades ont besoin de ce médicament de façon chronique mais la molécule-commercialisée par le labo Sanofi sous le nom de Plaquenil- connait une soudaine notoriété car elle fait partie, parmi d’autres médicaments, des traitements à l’étude contre le Covid-19.
Dès qu’on a commencé à en parler, “les gens se sont rués dessus”, a déploré auprès de l’AFP Johanna Clouscard, présidente de Lupus France, qui ne sait pas quand sa pharmacie pourra lui renouveler son ordonnance.
“Depuis quelques semaines, on a des demandes de réassorts plus importantes que d’habitude” mais “il n’y a pas de pénurie, des stocks, il y en a”, selon un porte-parole de Sanofi à l’AFP.
Les “livraisons sont en cours” vers les pharmacies, livraisons qui elles-même sont ralenties par le confinement, a-t-il ajouté, évoquant “l’affaire de quelques jours”.
Sanofi avait promis la semaine dernière de mettre son traitement à la disposition de la France et d’offrir plusieurs millions de doses de Plaquenil.
“Les délais de livraison s’étant allongés, il est recommandé aux patients de demander le renouvellement de leur ordonnance 15 jours à l’avance”, a complété sur son site internet la Société française de rhumatologie, disant relayer un message de Sanofi.
Pour la Nivaquine (médicament à base de chloroquine), le grossiste-répartiteur OCP a constaté “une forte augmentation des demandes de pharmaciens depuis fin février, elles sont multipliées par 30”.
Cette date “correspond à l’apparition des premiers cas de Covid en Europe et à la couverture médiatique croissante autour des essais cliniques à base de chloroquine”, ajoute l’entreprise.
“Cette tendance d’évolution massive des commandes est semblable pour le Plaquenil (hydroxychloroquine), moins importante sur le mois de février (multiplié par 15)” mais “massive depuis lundi (+5.000% environ)”, ajoute OCP, qui précise être “tenu d’honorer ces demandes dans la limite des niveaux de commandes habituelles (avant crise sanitaire)”.
Cette explosion conduit l’ANSM à “suivre très attentivement l’état des stocks et des approvisionnements en lien étroit avec les laboratoires (…) afin de garantir la continuité des traitements pour les patients”. L’agence s’emploie à s’assurer “auprès des industriels de la mise à disposition appropriée et continue de ces médicaments” pour les patients qui en ont besoin.
Il s’agit en particulier de veiller à ce que ces médicaments soient délivrés uniquement dans le respect de ses indications médicales, encadrées par son autorisation de mise sur le marché (AMM).
Mais l’ANSM se dit prête à aller plus loin si nécessaire, comme “des mesures d’interdiction d’exportation auprès des grossistes répartiteurs”.
L’agence rappelle les effets secondaires importants et les risques de surdosage de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine.
“Certains de nos adhérents pensent que le Plaquenil peut être pris en prévention du Covid-19 et étaient prêts à changer de traitement de fond pour en bénéficier”, explique Irène Pico, de l’Association française des polyarthritiques, ce “dont nous les dissuadons”.
Rédaction btlv.fr (source AFP)