29 avril 2021 — Si le plus grand et puissant et accélérateur de particules du monde est le LHC situé au CERN, situé à quelques kilomètres de Génève, en Suisse, à cheval sur la frontière franco-suisse, peut savent qu’il en existe des milliers d’autres un peu partout sur la planète. En 2004, on comptait 15 000 accélérateurs de particules dans le monde. Le LHC est un anneau de 27 kilomètres de circonférence formé d’aimants supraconducteurs et de structures accélératrices qui augmentent l’énergie des particules qui y circulent, mais il est à noter qu’il en existe de beaucoup plus petits qui sont utilisés en médecine et notamment en radiothérapie anti-tumorale. Dangereuses, ces machines peuvent avoir des conséquences dramatiques pour l’homme. La preuve en est l’expérience malheureuse du physicien Anatoli Petrovitch Bougorski. En 1978, ne sachant pas que l’accélérateur de particules sur lequel il travaillait était encore en marche, il y mit la tête. Résultats : des protons lui ont traversé le crâne, ce qui a engendré de nombreuses lésions.
Le LHC du Cern
UN VRAI MIRACLE
Par miracle, le chercheur n’est pas mort et a même pu continuer ses études et passer son doctorat. Un expérience qui aurait pu très mal finir quand on sait qu’à l’intérieur de l’accélérateur, deux faisceaux de particules circulent à des énergies très élevées et à une vitesse proche de celle de la lumière avant de rentrer en collision l’un avec l’autre.
Utilisée dans la recherche fondamentale sur les particules élémentaires mais aussi dans la recherche militaire et dans le domaine médical, il est d’usage, pour une question de sécurité, de se tenir à bonne distance d’une telle machine. Pour le physicien russe ce ne fut pas le cas en ce 13 juillet 1978. Comme tous les jours de la semaine, Anatoli Bugorski, se rend à son travail à l’Institut de physique des hautes énergies de Protvino où se trouve le plus grand accélérateur de particules de l’Union soviétique. Dans la journée, il note un défaut sur un équipement et décide d’y jeter un œil. Comme le demande les règles de sécurités, il doit d’abord s’assurer que la machine est éteinte avant toute manœuvre. A priori, c’est le cas mais ce qu’il ne sait pas, c’est que les différents mécanismes de sécurité sont eux aussi tombés en panne. Se pensant en sécurité, c’est sans la moindre crainte qu’il met sa tête à l’intérieur afin de mener l’investigation. C’est à ce moment-là, qu’une série de protons passera à travers son crâne, de la nuque vers le nez, à une vitesse proche de celle de la lumière. Le chercheur prend très vite conscience, de ce à quoi il a été exposé. Malgré tout, il ne dit rien à ses collègues et décide de finir sa journée de travail comme si rien ne s’était passé alors même des rayons lui ont traversé la tête. S’il ne ressent pas encore de douleur, durant la nuit, les choses empirent. Frappé par 2 000 grays (ndlr : unité dérivée valant un joule par kilogramme : 1 Gy = 1 J/kg), il voit son visage gonfler au point de ne plus se reconnaître. Rapidement évacué vers une clinique de Moscou, le diagnostic des médecins est des plus pessimiste. Ils ne donnent pas cher de la peau de son visage. 48 heures seulement après l’incident, le malheureux voit sa peau se décoller autour des lésions d’entrée et de sortie des protons. Malgré tout, et contre tout attente, Anatoli Bugorski, ne décède pas et s’en remet miraculeusement, même si dans les mois qui suivent, il perd l’audition, devient paralysé du côté gauche et voit la peau de sa tête autour des lésions, continuer à brûler.
Anatoli Petrovitch Bougorski
N’ayant jamais évoqué cet incident du temps de l’URSS, il attendra la Russie d’aujourd’hui pour parler de son accident et des difficultés engendrées, comme par exemple le vieillissement prématuré de son côté droit alors que le gauche, paralysé, affiche un vieillissement normal. Aujourd’hui toujours en vie, son expérience montre bien qu’il ne faut pas jouer avec le feu.
Bob Bellanca (rédaction btlv)
